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quantités récoltées, multipliées par le cours des denrées. Supposons que le produit brut agricole soit représenté par 100, et que les dépenses correspondantes se montent à 80. Le profit cultural est donné par la différence entre le produit correspondant aux recettes et les frais ordinaires. Il s’élève ainsi à :

100 — 80 = 20

Depuis quelques années, le prix des denrées vendues s’est élevé, par exemple, de 10 pour 100 en moyenne. Par suite, le produit brut a augmenté également de 10 pour 100 puisque les quantités vendues bénéficient d’une plus-value d’un dixième ! D’autre part, les dépenses sont restées constantes dans ce court espace de temps. Le profit est donc représenté par une nouvelle différence qui est la suivante :

110 — 80 = 30

Le bénéfice cultural passe de 20 à 30 ; il a augmenté de 50 pour 100 ! La répercussion de la hausse des prix sur le profit de l’agriculteur est donc immédiate et singulièrement avantageuse.

C’est là, nous le reconnaissons, une démonstration toute théorique, mais en étudiant la comptabilité d’un cultivateur, on constate que nos conclusions sont exactement vérifiées[1].

L’accroissement des dépenses que provoque la hausse elle-même réduit quelque peu, mais ne l’ait pas disparaître tous les avantages que l’élévation des cours assure à l’entrepreneur de culture. Sans exposer un capital plus considérable, sans déployer plus d’activité, ce dernier réalise un bénéfice plus grand. Telle est la conséquence certaine d’une hausse des produits agricoles. Elle favorise, dans notre pays, les intérêts de 3 ou 4 millions de cultivateurs. Il est donc superflu d’en faire ressortir la portée sociale.

L’accroissement des profits culturaux exerce à son tour une action décisive, sinon immédiate, sur le revenu et la valeur du sol cultivé. Selon l’heureuse formule de M. Levasseur, la terre est un instrument qui vaut d’autant plus qu’il rapporte davantage. Le loyer agricole d’un domaine s’élève ou s’abaisse selon

  1. Voyez à ce sujet une démonstration complète dans notre ouvrage, la Crise agricole, 1 vol. Paris, Masson, 1903.