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tel peut être, dans quinze ou vingt ans tout au plus, le résultat obtenu grâce à la hausse des produits agricoles.

Est-ce là un espoir chimérique ou une hypothèse invraisemblable ? Nous ne le pensons pas. Des faits précis confirment cette opinion. Durant Les trente dernières années de l’ancien régime, au moment où le cours des denrées agricoles s’élevait avec cette extraordinaire rapidité que nous avons signalée, le revenu et la valeur des biens fonds ruraux augmentaient à leur tour. Dans le Maine, dans l’Anjou, en Normandie, en Bresse, dans le Languedoc, les fermages que nous avons relevés sur les livres mêmes de la comptabilité des hospices ou des « chapitres » ont augmenté de 36 pour 100 à 87 pour 100 entre 1760 et 1790. Tels sont les faits que l’on constate durant une période de hausse des prix.

La même hausse entraînant les mêmes conséquences, on a observé également une augmentation considérable des revenus de la terre depuis 1850 jusque vers 1880. Deux enquêtes officielles faites précisément à ces deux dates prouvent que les loyers agricoles ont augmenté de 38 pour 100 en moyenne, durant cette période de trente ans.

Comment expliquer ce mouvement si général et la hausse périodique des denrées agricoles ?

Nous sommes amenés à rechercher les causes de ce phénomène après en avoir observé les conséquences.


LES CAUSES

L’existence même d’une crise provoquée par la brusque élévation du prix des denrées agricoles n’est discutée par personne. Nous croyons que les esprits réfléchis accepteront sans difficultés nos conclusions au sujet des caractères de cette hausse, et peut-être voudra-t-on bien nous accorder que ce phénomène n’est pas nouveau.

Les faits que nous avons signalés et dont tout le monde peut contrôler l’exactitude, commandent à tout le moins l’attention. La périodicité des mouvemens généraux de hausse ou de baisse pourra paraître étrange à beaucoup, mais elle ne soulève aucune objection de doctrine. Il est toujours possible, en effet, au gré de chaque auteur, de signaler l’influence des saisons, les transformations des moyens de transport, les circonstances politiques,