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la hausse des salaires, les exigences croissantes de la consommation, l’action des lois sociales, le développement plus ou moins rapide de la population.

En ce moment, la plupart des économistes ou des hommes politiques qui étudient le problème de la hausse des produits agricoles lui assignent précisément comme causes quelques-uns des faits contingens ou des transformations sociales récentes dont nous venons de parler.

Nous sommes persuadés que leur opinion renferme une part de vérité, et nous l’acceptons sans la moindre hésitation, en nous réservant toutefois le droit de la critiquer et surtout de compléter les conclusions qu’elle comporte.

L’influence des saisons n’est pas douteuse. La mauvaise récolte de 1910 explique assurément la hausse des céréales et surtout celle du blé qui entraine, à son tour, celle des farines et du pain. La sécheresse extraordinaire de l’été en 1911 explique et justifie la hausse des légumes et de certains fruits, celle du lait et du beurre, l’élévation de la cote du sucre, conséquence immédiate de la diminution fort probable de la récolte des betteraves. Tout cela est vrai. Mais, remarquons-le bien, l’influence des circonstances atmosphériques n’explique que des variations brusques et passagères. Elle ne saurait être assignée comme cause permanente et efficace à un mouvement général et persistant que l’on observe depuis dix ans en France comme à l’étranger. Cette influence du temps et des saisons ne fournit aucune explication acceptable et intelligible en ce qui touche les périodes de hausse ou de baisse que l’on a pu étudier dans le passé.

On paraît oublier que la hausse actuelle, — comme celle des autres périodes antérieures, — coïncide avec une augmentation moyenne et générale de la production agricole et non pas avec une réduction des récoltes. À cet égard, l’exemple du froment est typique.

De 1900 à 1904, la récolte moyenne ne dépasse pas 88 millions de quintaux en France. Cette production s’élève, au contraire, à 93 millions de 1905 à 1909. Or les prix ont augmenté à mesure que le chiffre de la production s’élevait.

La moyenne des cours à Paris est de 21 fr. 30 pendant la première période, et de 23 fr. 41 durant la seconde !

On a parlé récemment des pertes subies par l’élevage français.