Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 5.djvu/832

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elles sont réelles et déplorables ; c’est entendu. Mais jamais jusqu’à cette année, la puissance productive de l’agriculture française ne s’était révélée aussi grande qu’en ce qui touche précisément la production du bétail. Or les prix se sont élevés bien avant 1911.

La hausse est d’ailleurs générale. On la constate de 1900 à 1910, en Allemagne et en Russie, en Autriche, en Suisse, et jusqu’au Canada. Ni l’influence des saisons, ni les pertes résultant, en France, de la cachexie ou de la fièvre aphteuse ne donnent l’explication de pareils faits.

On a parlé maintes fois, et toujours avec raison, de l’action de la transformation des moyens de transport. Mais la rapidité, le bon marché, et la prodigieuse extension des moyens de communication ne provoquent pas la hausse. Tous ces progrès techniques atténuent la cherté au lieu de la produire.

Remarquons d’ailleurs que le prix des produits agricoles na jamais été plus élevé que de 1850 à 1875, c’est-à-dire au moment où les moyens de transports perfectionnés auraient dû vraisemblablement entraîner la baisse des denrées alimentaires ou des matières premières.

« La consommation augmente démesurément, nous répondra-t-on, parce que la richesse s’est développée avec une incomparable puissance. La hausse est la conséquence logique de l’intensité de la demande. »

Cet argument paraît avoir eu quelque succès. Nous avouons qu’il est encore inintelligible pour nous. Le développement de la richesse, — terme général, — correspond au développement de la production. D’autre part, si la consommation augmente réellement, il est clair que la production a dû augmenter parallèlement dans la même mesure car on ne consomme pas ce qui n’a pas été produit antérieurement. Si donc l’accroissement de la consommation suppose invinciblement l’accroissement égal et simultané de la production, il est impossible de comprendre pourquoi les prix s’élèveraient, l’offre restant égale à la demande. C’est pour nous l’évidence même.

Nous croyons, en effet, que la richesse générale se développe, mais la hausse contribue à ce mouvement en inspirant une confiance que la baisse fait disparaître. Les périodes de hausse des produits agricoles ont toujours été considérées, notamment, comme favorables à la prospérité agricole. On a,