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Le jeune prince est baptisé en public, sous les yeux de tous, à Fontainebleau, le 14 septembre 1606. Comme nulle chapelle, nulle église ne serait assez vaste, on fait la cérémonie dans la grande cour du château. Douze mille personnes. Toutes les fenêtres sont garnies de spectateurs. Au milieu de la cour a été dressée une estrade, où est amené le Dauphin alors âgé de cinq ans, en son manteau de toile d’argent fourré d’hermine. Puis, dans la cour du Cheval-Blanc, ont lieu les réjouissances, courses à cheval, courses de bagues, courses de quintaine, feux d’artifice, ripaille en plein air, fontaines de vin.

A la naissance du Duc de Bourgogne, fils du Grand Dauphin, le 6 août 1682, les gens crient, sautent, rient et pleurent de joie. Une foule immense ; Louis XIV paraît et chacun de se jeter au-devant de lui :

« Chacun, écrit l’abbé de Choisy, se donna la liberté d’embrasser le Roi. La foule le porta depuis la Surintendance, où Mme la Dauphine accoucha, jusqu’à son appartement. Il se laissait embrasser à qui voulait et donnait sa main à baiser à tout le monde. Spinola, dans la chaleur de son zèle, la mordit si fort que le Roi se mit à crier :

« — Sire, je demande pardon à Votre Majesté, mais si je ne l’avois pas mordue, Elle n’auroit pas pris garde à moi ! »

« Le bas peuple paraissoit hors de sens ; on faisoit des feux de joie de tout ; les porteurs et les Suisses brûlèrent les bâtons des chaises et jusqu’aux parquets et aux lambris destinés à la Grande Galerie. Bontemps, en colère, accourut le dire au Roi qui se mit à rire et dit :

« Qu’on les laisse faire, nous aurons d’autres parque Is. »

Arrêtons-nous encore à l’accouchement de la dernière reine de France, de Marie-Antoinette. Le garde des Sceaux, les ministres, les secrétaires d’Etat attendaient dans le grand cabinet avec la « maison du Roi, » la « maison de la Reine » et les « grandes entrées. » Le reste de la Cour emplissait le salon de jeu et la galerie. Tout à coup une voix domine : « La Reine va accoucher ! »

La Cour se précipite pêle-mêle avec la foule. L’usage veut que tous entrent en ce moment, que nul ne soit refusé. Le spectacle est public. On envahit la salle en une telle bousculade que les paravens, qui entourent le lit de la Reine, en sont renversés. La Chambre se transforme en place publique. Des