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dont elles continuent d’être encombrées, il apparaîtra qu’on s’est servi de cette expression, — la Révolution, — pour désigner dans l’histoire de France le passage du régime patronal au régime administratif : alors les lois se substituèrent aux croyances et les règlemens administratifs remplacèrent les traditions, transformation que tous les peuples ont subie ou subiront au moment correspondant de leur histoire. L’énergie et le despotisme révolutionnaire, dont l’œuvre a été complétée par le génie de Napoléon, ont ainsi fait chez nous ce que le génie de Jules César et l’habileté d’Auguste avaient fait à Rome. Il est vrai que les Français ont vu, en 1792, la forme républicaine succéder à la forme monarchique, tandis que les Romains avaient vu la forme monarchique succéder à la forme républicaine ; mais la transformation sociale a été la même de part et d’autre, rendue inévitable de part et d’autre par la ruine des traditions ; et les conséquences en ont été de part et d’autre identiques : parmi les débris du régime patronal, ont jeté leurs racines et se sont développées, chez les Romains comme chez les Français, jusqu’à pénétrer dans les moindres recoins de leur vie publique et privée, la contrainte législative et la bureaucratie.


FRANTZ FUNCK-BRENTANO.