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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/100

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quand il s’agit de chemins de fer. Le nouveau ministre des Travaux publics a révoqué le chef comptable du réseau d’Etat : mais c’est le système et non les hommes qu’il faut changer. Les agrandissemens, les renouvellemens, les transformations de voie et de matériel, portent sur des chiffres considérables. On nous objectera que, dans certains pays comme la Prusse, la presque totalité des chemins de fer sont entre les mains de l’État : mais des raisons historiques et politiques ont rendu inévitable la constitution de ce réseau, et aujourd’hui même des plaintes nombreuses se font entendre contre l’exploitation prussienne. Il nous sera permis d’ajouter que la discipline rigide des fonctionnaires de l’autre côté du Rhin est un facteur qui, jusqu’à nouvel ordre, y rend plus facile que chez nous la marche des services publics. En Italie, l’exploitation d’État soulève de vifs mécontentemens ; en peu d’années, le nombre des employés, depuis que la gestion du ministre des Travaux publics a été substituée à celle des trois compagnies des Méridionaux, de la Méditerranée et de la Sicile, y a passé de 80 000 à 135 000, et, de plus d’un côté, on se demande si on ne devrait pas revenir au système des sociétés fermières. Est-il besoin de rappeler que ni l’Angleterre ni les Etats-Unis n’ont un kilomètre de voie ferrée qui ne soit non seulement exploité, mais possédé par des compagnies particulières ? Pourquoi donc ne pas remettre, en France, le réseau d’Etat sous le même régime que les autres, et ne pas concéder à une Compagnie l’exploitation des 9 000 kilomètres qui constituent l’ensemble de l’ancien réseau d’État et du nouvel Ouest-État ? La convention avec l’Est, qui doit servir de pivot au règlement de trois budgets, montre ce que le Trésor peut attendre de ces sociétés bien dirigées.

Nous avons vu quelles diminutions considérables de revenu net accusaient les postes, télégraphes et téléphones. Cette dernière industrie est entre les mains de particuliers dans un très grand nombre de pays. Les télégraphes, dans l’Amérique du Nord, sont exploités par des sociétés privées, dont le service ne le cède en rien à celui de l’État, bien au contraire. Nous n’irons pas jusqu’à proposer qu’on rende ces exploitations libres : mais nous voudrions que cet exemple ne cessât pas d’être sous les yeux du parlement, de façon à le détourner d’élargir sans cesse la sphère d’action des ministres et des fonctionnaires placés sous leurs ordres. L’augmentation des frais de régie, qui dépassent