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de détacher les citations qui suivent dans les Diario des deux princes[1].

Tout en tenant compte de ce que l’opposition des caractères donne à ces jugemens de sévérité un peu excessive, il semble que l’on ne puisse mieux faire, si l’on veut étudier la vie des royaux émigrés dans cette première étape de leur exil, que de prendre comme guide et de suivre le long de ces pages sincères le Journal du prince Charles-Félix et celui du comte de Maurienne.


Dès les premières nouvelles de l’émeute du 14 juillet et de la prise de la Bastille, la cour de Turin s’inquiète des dangers que les deux princesses piémontaises peuvent courir à Versailles. Charles-Félix note dans son journal à la date du 31 juillet 1789 :


Lecture d’une lettre de Madame. Dans cette horrible révolte qui a éclaté en France, nos deux sœurs, grâce à Dieu, n’ont eu rien à craindre, moyennant la bonne conduite qu’elles y ont toujours tenue.


Bientôt la nouvelle arrive que le comte d’Artois et sa famille sollicitent un asile à Turin.


19 août. — Le soir il vint un palefrenier qui apporta une lette du comte d’Hauteville (premier secrétaire d’État du département des Affaires étrangères) par laquelle il signifiait au Roi l’arrivée à Turin du baron de Castelnau (c’est celui qui a aussi risqué d’être pendu à Paris), lequel portait une lettre du comte d’Artois au Roi, lui demandant la permission de venir s’Installer à Turin, à la Cour, avec ses deux fils.


Victor-Amédée s’occupe de faire préparer, pour son gendre, sa fille et ses petits-fils, des logemens à Moncalieri, où il résidait pendant une partie de l’été, mais dont le château n’eût pas été assez vaste pour loger tous les exilés. Les princes eux-mêmes veillent à cette installation :


29 août. — Nous sommes allés avec le Roi à la maison Duc, où l’on doit loger toute la maison d’Artois. L’hôtel est très grand, surtout depuis

  1. Je suis heureux, en présentant à S. M. Victor-Emmanuel et S. A. R. Mgr le Duc de Gênes l’expression de ma respectueuse gratitude, d’adresser en même temps mes plus sincères remerciemens à mon ami et confrère M. Henri Prier et à S. Exe. le baron Manno, dont l’intervention m’a été particulièrement utile pour obtenir la communication de ces archives qui avaient été jusqu’ici rigoureusement fermées à tout le monde.