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aux conditions que Victor-Amédée mettait à leur retour, en congédiant son chevalier d’honneur, le comte de Vintimille, la comtesse de Provence, au contraire, avait refusé de se séparer de Mme de Gourbillon que le roi de Sardaigne voulait éloigner. C’est ce que nous apprend succinctement le Diario de Charles-Félix.


30 avril. — Mes deux sœurs out écrit. Il paraît que la Reine commence à se repentir d’être partie par force ; elle en est « à la consternation « et elle veut absolument retourner.

2 mai. — On a écrit à nos deux sœurs qu’elles pouvaient revenir, pourvu qu’il n’y vînt plus Mme Gourbillon et M. de Vintimille.

3 mai. — On a dit chez le Roi que la comtesse d’Artois arrivait ce soir, mais que la Reine, n’ayant pas absolument voulu se séparer de Mme Gourbillon, avait répondu une lettre très impertinente au Roi, et qu’il y avait apparence qu’elle ne serait plus retournée.


La comtesse d’Artois revint le 3 mai à Turin.


4 mai. — Après dîner, vint la comtesse d’Artois qui est arrivée hier au soir. Elle était dans des transports « de consolation » qu’on ne peut exprimer ! Le Roi a éclaté de fureur à cause d’une autre lettre encore plus impertinente de la Reine qui semble vraiment avoir perdu la tramontane.

6 mai. — Après dîner, vint la comtesse d’Artois. On ne sait pas de nouvelles de Madame, ce qui met le Roi fort en peine.

12 mai. — La Reine est malade à Arona.

16 mai. — Le Roi a reçu une lettre très pathétique de la Reine qui ne signifie rien.

18 mai. — La Reine est allée à Bellinzona en Suisse.

27 juin. — M. de Vintimille est mort ce matin, il avait cinquante-huit ans.

14 octobre. — Tésa[1] vint à Moncalieri près de papa qui la reconnut encore


Victor-Amédée succombait, comme nous l’avons dit, miné par le plus profond désespoir.

Ce n’était que le prélude de désastres plus grands encore. Deux ans plus tard, le roi Charles-Emmanuel IV, son fils, voyait, le 8 décembre 1798, la France s’emparer de son royaume tout entier, à l’exception de la Sardaigne, et n’avait plus d’autre ressource que de s’y retirer avec sa famille.

La seconde invasion des Français devait être pour la comtesse d’Artois, restée seule à Turin, le signal définitif du départ.

  1. Marie-Thérèse comtesse d’Artois.