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Voluptueux émoi dont frissonnent les bois,
Sève du renouveau de la terre entr’ouverte,
Senteur des genêts d’or sur cette côte verte,
« Emeraude » au ciel gris, je te sens, je te vois.


A MON IDÉAL


Partout où j’ai passé, cherchant un coin sauvage
Pour apaiser mon cœur, j’ai revu ton image.
« Et le soir, dans ma couche, ô mon lointain ami,
J’ai reconnu ton beau regard, et j’ai dormi.

Toujours, quand j’ai lutté, sur mon âme en détresse,
Ou vainqueur ou vaincu, j’ai senti ta caresse.
Et quand, seul, je veillais, au milieu de la nuit
Ta voix sainte montait vers moi, loin de tout bruit. »

J’ai gravi lentement les marches de la vie
En te tendant les bras. Ma jeunesse ravie
Nourrissait un espoir, éphémère, brillant,
Qui s’est évanoui tout en m’éblouissant !

Comme un nuage d’or, sur la poussière blanche,
Dans un désert brûlant, approche, vient, se penche,
Ton fantôme adoré, d’abord, vers moi courut,
Se cacha, s’effaça, puis enfin disparut.

Que n’es-tu demeuré, toi que, dans ma tendresse,
J’avais rêvé si grand, si pur en ta noblesse !
Je pleure en mon automne et le rêve et le sort,
Je pleure en mon hiver mon pauvre « Idéal » mort.


M’ENVOLER


Oh ! m’envoler avec la neige
Bien loin, encor plus loin d’ici.
Vers le Nord triste où le froid siège.
Où tout s’épuise et se durcit !