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M’envoler, toute floconneuse,
Sur les branches des vieux sapins,
Au toit d’une fermière heureuse,
Puis retrouver les sables fins !

M’envoler, libre et sans entrave,
Dans le parc scintillant, gelé !
Humer, dans l’air, l’odeur suave
Et suivre le pigeon ailé !

Puis voler à votre fenêtre,
Où, seul, vous me regarderez.
Fondre ensuite pour reparaître
En goutte d’eau que vous boirez.


SUR UNE BAGUE


Au fond du vieux manoir, dans ma chambre bien close,
Assise à mon bureau, j’ouvre un ancien écrin
Et là, près de ma broche à pendeloque rose,
Je te retrouve, ô mon anneau, brillant et fin !
Ces souvenirs émus attendrissent mon être,
En contemplant la bague où « Sans cesse » est gravé,
Doux pressemens de mains, regards à la fenêtre.
Petit danger qu’ensemble on a parfois bravé !
Et je porte à ma lèvre, essuyant une larme,
Ce signe d’esclavage et de jeunes amours.
Trésor intime et cher de mystère et de charme.
Ne quitte plus ma main, reste avec moi toujours !
Le soir était si beau, la lune était si pleine
A l’heure où tu glissas sur mon doigt qui tremblait ;
J’entends encor les voix de cette nuit sereine,
Craquemens du branchage et grillon qui chantait.
Que ne puis-je avec toi partir à tire-d’aile,
Recommencer la vie et ses tendres langueurs !
Parle-moi du passé, mon anneau si fidèle,
Et revivons les ans, leur joie et leurs douleurs !