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d’aventure, on était obligé de la livrer, on en limitait bien vite les effets, pour ainsi dire d’un commun accord entre les adversaires, et les discussions diplomatiques reprenaient leur cours.

En résumé, c’était là une forme réduite de la guerre dans laquelle l’objectif n’est pas la destruction, l’annihilation de l’ennemi, mais seulement un avantage à faire valoir dans les pourparlers pour la conclusion de la paix.

Les procédés du champ de bataille correspondaient à ce concept de la guerre et étaient d’ailleurs en rapport avec l’armement alors en usage. On ne cherche pas la bataille, avons-nous dit, on veut seulement prendre sur l’adversaire des avantages tels qu’il doive renoncer à la lutte et consentir à traiter. Ces avantages, on espère souvent les trouver dans l’occupation d’une position très forte qui vous mette à l’abri des sévices de l’adversaire. De là l’importance capitale que prennent les formes du terrain auxquelles on arrive à donner des vertus intrinsèques. Si l’adversaire se décide à l’attaque, on peut constater que ses procédés de combat sont rationnellement déduits de l’arme dont il dispose. Ses troupes sont disposées en ligne coude à coude, face à la position à attaquer, sur deux rangs pour avoir la plus grande densité de feu et que tout le monde puisse tirer. Mais cette formation, dite en bataille, est prise avant que l’action ne commence, et l’armée ainsi formée s’avance sans autres manœuvres, jusqu’à aborder l’ennemi. C’est la tactique linéaire, dans laquelle l’action se réduit à un déploiement préliminaire et à un assaut. Il n’est pas question de manœuvres pendant la bataille, pas plus que de réserves, qui viendraient, sur un point, achever l’œuvre commencée par les premières lignes. On voit tout de suite que, dans un pareil acte, le rôle des subordonnés doit se borner à exécuter strictement les ordres donnés par le chef. Celui-ci fixe l’ordre de bataille, chacun y prend sa place et, au signal donné, tout le monde marche sur la position à enlever. Les subordonnés n’ont pas à faire œuvre d’initiative, ils n’ont qu’à entraîner leurs troupes dans la direction indiquée.

Les exercices du temps de paix étaient réglés en vue de cette tactique du champ de bataille. Ce ne sont que mouvemens à rangs serrés, compliqués et compassés, dans lesquels on s’efforce de prévoir toutes les situations où la troupe peut se trouver, pour arriver dans tous les cas à réaliser dans un ordre parfait la formation en bataille. L’instruction des officiers ne va