Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et même à l’absence des ordres du haut commandement. C’est ce qui se passe pour les opérations autour de Metz.

Après la bataille de Spicheren, l’intention des Allemands est de tourner Metz en gagnant par des marches forcées les ponts de la Moselle en amont de cette place, pour s’élever ensuite vers le Nord et rejeter ainsi les Français hors de la route de Paris. Il importait donc au haut commandement de savoir si l’armée française était à Metz ou l’avait dépassé et s’était arrêtée sur telle ou telle ligne de défense. Malgré leur énorme supériorité de cavalerie, les Allemands ne font rien pour être renseignés ; aussi les ordres donnés restent vagues et ce sont les sous-ordres qui, par leur initiative, vont préciser la situation. D’abord, le 14 août, un simple général d’avant-postes, von der Goltz, attaque spontanément les troupes françaises qui sont encore sur la rive droite de la Moselle ; il est bien vite soutenu par deux corps d’armée. L’affaire, sans grands résultats immédiats, suffit cependant à retarder l’armée française dans son mouvement et à révéler sa présence aux environs de Metz.

Malgré cela, aucun ordre plus précis n’est donné à la IIe armée qui, passant en amont de Metz, doit continuer sa marche vers la Meuse. C’est seulement le 16 août, grâce à l’initiative du commandant du IIIe corps, que l’état-major allemand est définitivement fixé sur la situation de l’armée française. Ce jour-là, le général Alvensleben va se trouver seul avec son corps d’armée en présence de toute l’armée française. Il ne sait pas ce qu’il a devant lui ; mais ce qu’il sait bien, c’est l’idée directrice du haut commandement dans la manœuvre entreprise : rejeter l’ennemi vers le Nord, avant qu’il n’atteigne la Meuse. Aussitôt que ses têtes de colonne débouchent des ravins situés sur la rive gauche de la Moselle, il prononce son attaque avec une extrême vigueur. C’est le début de la bataille de Rezonville dont M. Germain Bapst fait, dans son cinquième volume, une narration particulièrement intéressante. Les faits et gestes de l’armée française y sont décrits avec la vérité et la précision que donnent les nombreux témoignages recueillis de ceux-là mêmes qui prirent part à l’action ; à chaque heure de cette longue journée, l’auteur nous fait assister avec émotion aux alternatives du combat qui donnent ici l’espérance du succès,