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se sont adonnés en tout pays, mais surtout en France, en Allemagne et aux Etats-Unis, à cette étude, si bien que de 1905 à 1911 on ne trouverait pas moins de cinq cents mémoires originaux écrits sur l’anaphylaxie. Chacun de ces divers mémoires relate un petit fait particulier, nouveau, qui se réfère à cette étude : on voit donc que des maintenant le sujet est devenu très vaste.

Et tout d’abord, quels sont les poisons qui [sont aptes à déterminer l’anaphylaxie ?

On peut diviser les substances toxiques en deux groupes, suivant leur constitution chimique ; et c’est une classification aussi simple que rationnelle.

Il y a, en premier lieu, les substances cristallisables, diffusibles, c’est-à-dire passant à travers les membranes. Elles ont une composition chimique stable, et on peut les préparer à l’état de pureté absolue. Minérales ou organiques, peu importe, elles ont ce caractère commun de pouvoir donner des cristaux définis : on les appelle des cristalloïdes. De ce nombre sont tous les sels minéraux, quels qu’ils soient, et une grande quantité de substances organiques, comme les sucres, les graisses, et les alcaloïdes.

Or, jusqu’à présent, on n’a pas encore pu rencontrer de substances alcaloïdiques, Soit toxiques, soit inoffensives, qui produisent l’anaphylaxie.

La strychnine, la morphine, l’alcool, le chloral, tous ces corps, ou volatils, ou cristallisables, ou définis, n’augmentent pas, même après de multiples injections, la sensibilité de l’organisme. Nous ne voulons pas dire par là que jamais on ne rencontrera de cristalloïdes aptes à déterminer l’anaphylaxie. Mais jusqu’à présent, de telles substances n’ont pas été trouvées encore, et les expériences faites à cet égard ont été complètement, radicalement négatives.

A côté des cristalloïdes il faut placer les substances non volatiles, non cristallisables, non définies chimiquement avec précision, ne pouvant pas passer à travers les membranes ; substances colloïdes, ou encore albuminoïdes, parce que l’albumine d’œuf en est le type le plus connu. Toutes ces substances, si elles sont injectées dans le sang d’un animal, sont anaphylactisantes.

Il n’y a, pour ainsi dire, pas d’exception à cette loi, et comme