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doublé d’un économiste. M. Alcée Dugarçon a montré dans la Loi française et les quesétions forestières (Revue politique et parlementaire du 10 mai 1911) pourquoi « notre législation n’est plus en rapport avec les nécessités économiques de l’heure présente » et comment « la législation constitue un obstacle au reboisement et à la constitution des réserves ; » il a aussi analysé « la décadence économique des bois de feu et l’accroissement de la valeur des bois d’œuvre » en même temps que « la notion du revenu annuel des bois ou forêts, » « l’impôt foncier » et « les droits de mutation » sur les forêts. Ses conclusions concordent avec celles de la Défense forestière et pastorale, et sa savante étude permet de préciser quelques particularités de la propriété forestière, qui expliquent dans une certaine mesure l’injustifiable oubli dont elle a tant pâti.


IV. — LES PARTICULARITÉS DE LA PROPRIÉTÉ FORESTIÈRE

Les forêts constituent une catégorie de propriété dont la nature toute spéciale déconcerte le législateur et l’économiste : il n’est point étonnant, dans de pareilles conditions, que l’opinion soit souvent flottante à leur égard, et que les capitalistes hésitent parfois à s’engager dans un genre déplacement dont la valeur a souvent été l’objet des appréciations les plus contradictoires ; beaucoup d’ailleurs, parmi les défenseurs les plus éclairés de l’intérêt général, ont été déroutés par les lois de 1860 et 1864, qui sacrifiaient les forêts domaniales au reboisement, puis au gazonnement des montagnes ; et des économistes éminens, Le Play et Michel Chevalier, se sont ainsi trouvés conduits à soutenir des thèses opposées au sujet de l’aliénation par l’Etat de ses forêts.

Les particularités de la propriété forestière semblent avoir obscurci la question de ses rapports avec l’intérêt général et l’intérêt particulier, en même temps que la conception de l’harmonie économique de ces intérêts.


L’intérêt général. — L’arbre est à toute époque le régulateur des eaux et des climats ; il est indispensable pour maintenir la composition de l’air, dont sa respiration revivifie l’oxygène.