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L’arbre joue aussi le principal rôle dans la transformation en travail moteur de la chaleur solaire, cette source de toute énergie sur notre globe. Les forêts préhistoriques fournissent la houille noire ; les forêts actuelles fournissent du bois, bois de feu, auquel les autres combustibles suppléent de plus en plus, bois d’œuvre dont l’industrie humaine a doublé depuis quarante ans la consommation par tête d’habitant ; les forêts futures doivent régulariser les sources de la houille blanche, ce symbole des forces hydro-électriques sur la permanence desquelles repose l’avenir de l’humanité.

Laissant de côté la répartition scientifique des forêts au point de vue du climat, de la régularisation du régime des eaux et des forces hydrauliques, au point de vue esthétique aussi, il y a lieu d’examiner ici le problème forestier au point de vue de la production du bois, matière première indispensable à l’industrie humaine.

À ce point de vue restreint, les forêts peuvent être considérées comme des fabriques de bois, devant fournir sans interruption ni à-coups les produits ligneux demandés par la consommation ; et leur gestion réclame tout d’abord le concours de sylviculteurs éclairés, de techniciens sachant, par le choix des essences ou des procédés culturaux, l’adapter à tous les sols, à tous les climats et à toutes les conditions locales ; la répercussion du problème forestier sur toutes les branches de la richesse publique nécessite aussi l’intervention des économistes, dont le concours est plus indispensable encore pour les prévisions à longue échéance de la sylviculture que pour les conceptions généralement annuelles de l’agriculture ; l’alliance des économistes et des agriculteurs a donné naissance à l’agronomie, qui a tenu une si grande place dans le relèvement agricole ; mais le Dictionnaire de l’Académie ne contenant ni les mots sylvonome, sylvonomie, ni aucune expression synonyme, il est à présumer que l’alliance correspondante des économistes et des sylviculteurs n’a jamais été complète. L’École forestière de Nancy ne possède pas comme celle des Ponts et Chaussées de cours d’économie politique ; les traités d’économie politique sont fort sobres en considérations forestières, et les livres d’économie forestière s’étendent bien plus sur les bois domaniaux ou communaux que sur les bois des particuliers. Les techniciens se sont souvent élevés à de hautes