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enquête dans les Conseils généraux et les Sociétés savantes, qui les ont sanctionnés par leurs vœux, et leur adoption ne semble réclamer, dans ces conditions, que fort peu de temps.

Il est facile de comprendre l’intérêt majeur que présente pour l’Etat leur rapide adoption, car tout ajournement de l’orientation des capitaux vers le reboisement fait retomber sur les finances publiques la charge de cette immense opération ; toute prolongation des sacrifices qu’impose aux propriétaires forestiers une législation mal adaptée augmente l’évidence de leurs droits à des compensations. Ces compensations, tout en se distinguant par leur caractère temporaire des encouragemens permanens qui doivent correspondre à l’utilité publique des forêts, peuvent d’ailleurs affecter la même forme.


VI. — NÉCESSITÉ D’UNE POLITIQUE FORESTIÈRE

Le problème sylvo-pastoral, sous ses deux aspects, se présentait, il y a sept ans, dans des conditions bien mauvaises. La situation critique de la défense des montagnes était cependant bien plus connue, depuis que les lois du 28 juillet 1860 et du 8 juin 1864 avaient imputé les dépenses du reboisement sur les aliénations et les coupes extraordinaires des forêts de plaine.

Malgré le remaniement législatif du 4 avril 1882 et la création d’un service d’améliorations pastorales, malgré cent millions de travaux admirés du monde entier, la science et le dévouement du corps forestier n’avaient cessé de se heurter à l’atavisme pastoral des montagnards, quand l’initiative privée aborda le problème sous une autre forme.

L’Association centrale pour l’aménagement des montagnes fondée à Bordeaux, 142, rue de Pessac, le 21 avril 1904, créa une organisation plus souple que celle des services publics pour faire des montagnards les auxiliaires et les bénéficiaires de la restauration des montagnes. Sautant à pieds joints dans un chaos inextricable d’intérêts contradictoires, elle afferma des pâturages communaux, sur lesquels elle combina le reboisement avec l’amélioration pastorale, et y ramena la prospérité sans imposer ni gêne ni sacrifice aux montagnards qui plantent des arbres à son imitation. Sa première expérience a mis en état