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attend le jour. Des 45 tirailleurs, 11 sont tués et 12 sont blessés.

A 5 heures 30, le jour parait, les lueurs naissantes laissent voir le puits organisé défensivement. L’ennemi, en dépit de ses pertes, semble avoir augmenté de nombre ; le campement voisin auquel il a fait appel a du se joindre à lui.

Au moment où les premières clartés dissipent l’ombre, derrière le retranchement des Berabers, une invocation monte ; leur fanatisme implore Allah et lui demande la victoire. Le combat va reprendre.

Cinq cents mètres séparent les adversaires. Les tirailleurs se sont creusé des trous pour s’abriter.

Les Marocains sont invisibles, terrés dans le sable. Les détonations se croisent, se mêlent : seules, elles animent cette plaine déserte ; ni d’un côté, ni de l’autre, la fumée des fusils ne révèle la position des tireurs ; les Berabers, eux aussi, ont des armes de petit calibre et de la poudre sans fumée.

Les balles pleuvent autour des tirailleurs, pas un pli de terrain ne leur permet de manœuvrer ; ils sont immobilisés.

L’ennemi, plus favorisé, peut en rampant étendre ses ailes. Le crépitement de ses feux gagne vers l’Est et vers l’Ouest. Il cherche évidemment à déborder le capitaine.

A droite, un tirailleur s’écroule, la balle qui a traversé son crâne transperce le bras du sergent Develotte ; deux autres tirailleurs tombent, puis un troisième. Avec le caporal Bandiougou et quelques hommes, le sergent Fadiala s’efforce d’arrêter la progression des Berabers ; une grave blessure le jette à terre, près de lui, le clairon Moussa Sidi Bé s’affaisse, mais Bandiougou tient bon.

A gauche, le sergent Diara et 3 hommes se défendent avec énergie. Il faut résister : le convoi où a été transporté l’adjudant Rossi connaît la situation ; une partie de l’escorte que commande le sergent Rolland va arriver.

Soudain, de tous côtés, éclate un feu rapide, les deux ailes des Berabers qui ont réussi a dissimuler leur mouvement surgissent dans le flanc des tirailleurs, dans leur dos, elles les enserrent, elles vont se rejoindre et fermer le cercle.

Bandiougou et Diara se replient sur le centre ; le plomb crible les broussailles, fustige le sable ; dans la ligne écarlate des chéchias, de nouveaux vides se creusent.

Le capitaine dirige tout l’effort du feu sur ces deux bras près