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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 10.djvu/237

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ment, mais il n’a pas posé la question de confiance, et il a bien fait. Là en effet n’était pas le nœud de la loi : il est dans la question du quotient électoral qui sera discutée demain. Si le gouvernement l’emporte sur ce point, et sa victoire ne nous paraît plus douteuse, le sort du projet de loi sera décidément assuré.


Nous n’avons pas encore parlé de la lutte retentissante qui se poursuit aux États-Unis entre M. Taft, le président actuel de la République qui aspire à le rester, et M. Roosevelt qui aspire à le redevenir ; mais aujourd’hui que les premiers actes de cette immense pièce à surprises sont arrivés à leur terme et que de nouveaux se préparent, il est temps de mettre nos lecteurs au fait des péripéties déjà accomplies. Le spectacle est d’ailleurs curieux et de couleur violente. Les mœurs politiques de l’Amérique nous étonnent et quelquefois nous heurtent. On a beau dire que les nôtres s’en rapprochent, l’écart reste encore considérable, et un pugilat comme celui auquel se livrent M. Taft et M. Roosevelt serait, au moins pour maintenant, impossible chez nous. Tout au plus pourrait-on en trouver d’analogues dans nos villages, au cours de nos campagnes d’arrondissement ; là on voit assez souvent des déchaînemens brutaux qui rappellent en effet les pratiques américaines ; mais à mesure que la circonscription s’élargit et que les intérêts s’élèvent, les luttes prennent un autre caractère ; on ne verrait pas en France des candidats à la présidence de la République échanger entre eux des propos qui font penser à ceux des dieux d’Homère ou de nos cochers de fiacre. Il est vrai que, fort heureusement, nos institutions ne se prêtent pas à ces débordemens. On a critiqué le procédé électoral que nous employons pour faire un président de la République, et peut-être est-il en effet un peu étroit, nous allions dire étriqué : toutefois, lorsque nous le comparons au système américain, nous sommes portés à le traiter avec indulgence et même avec quelque chose de plus. Nous avons eu depuis 1871, sans compter M. Thiers qui a été élu par l’Assemblée nationale, sept élections présidentielles ; elles se sont toutes passées dans un ordre parfait, sans intrigues de longue haleine, sans brigues passionnées, sans même qu’un éclat de voix de mauvais goût soit jamais venu troubler la courtoisie des candidats les uns envers les autres et la décence de l’opération. La Constitution de 1875 a été bien inspirée dans la manière dont elle a réglé l’élection du président de la République. Nous aurons à procéder au mois de février prochain à une élection nouvelle : nul ne peut prédire quel en sera le bénéficiaire, mais tout le monde est certain que les choses se pas-