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REVUE LITTÉRAIRE

LES TRIBULATIONS DU RÉALISME[1]

Il y a, pour caractériser une époque, l’idée que se font les écrivains de leurs devoirs envers la réalité.

Comment la traitent-ils ? Avec une attention scrupuleuse ou avec désinvolture ? Avec tendresse ? Lui demandent-ils leurs sentimens et leurs idées ? Ou lui imposent-ils leurs imaginations, gaillardement ? Trouvent-ils, à s’éloigner d’elle, leur poétique plaisir ? Ou sont-ils attachés à elle, dévots et curieux ?

Or, on a maintes fois annoncé la mort du réalisme, ces derniers temps. Il faudrait se consoler : le réalisme (le bon vieux réalisme qui florissait il y a, mettons, un quart de siècle) et le goût de l’exacte réalité, voilà deux choses. Mais le réalisme n’est pas mort : et M. Paul Margueritte vient de publier les Fabrecé.

D’autres écrivains ont modifié la formule ancienne. Examinons leurs tentatives, afin de savoir où nous en sommes, de nos relations avec la réalité. Ce n’est évidemment pas sur les quelques volumes de cette rentrée un peu nonchalante que je vais établir le diagnostic de la littérature actuelle ; mais, en marge de ces volumes, notons un petit nombre de faits déjà significatifs.

Le roman de M. Paul Margueritte impose le respect ; il est grave. L’auteur a décidément refusé tous les agrémens qui sont l’attrait, le

  1. Les Fabrecé, roman, par M. Paul Margueritte ; — L’Extase, roman, par M. Raymond Clauzel ; — Marins Pilgrin, « idées de province, » par M. René Perrout : — Gina Laura, roman, par M. Franz Toussaint.