— Oui, je te connais bien... Francesco Balbi, un de mes jeunes malades,... l’enfant de Teresa, l’excellente et pieuse femme que j’ai fait placer au Tramontano. Comment se porte la mamma ?
— La mamma a quitté l’hôtel ; nous sommes à présent domestiques nu Palazzo Sirena.
Le franciscain eut un haut-le-corps, puis durement :
— Vous avez eu tort, très grand tort... De bons chrétiens chez une réprouvée !
— Au Tramontano, Teresa ne gagnait que vingt-cinq sous par semaine. Les cliens de l’hôtel, presque tous Anglais hérétiques, ne sont pas généreux, et...
— Et elle a préféré compromettre son âme et celle de son fils ! Au jour du Jugement, les pierres mêmes de la maison maudite accuseront ta mère.
— Oh ! padre !... Nous allons lâcher au plus vite le service de cette réprouvée.
— Bien !... Tu désires me parler ?
— Oui ; mais ne me regardez pas d’un air si terrible : j’ai peur... Voici... La Teresa vous conjure de guérir Luigi, mon petit frère,
— Je ne franchirai pas le seuil de la Sirena. Faites appeler un médecin.
— Oh ! les médecins !... Nous sommes très pauvres et ne pouvons les payer : ils m’ont mis à la porte. Même M. Gargioule m’a dit : « Puisque le cocollato t’a soigné, qu’il soigne ton frère ! »
— Un médecin !... Voilà donc ce que le philosophisme appelle « solidarité humaine ! » Ignominie des marchands du Temple !... De quel mal souffre Luigi ?
— Il est possédé du démon.
Le religieux tressaillit : un rictus de colère lui contracta le visage :
— Non, Francesco, non : Belzébuth ne règne pas encore dans notre pays. Il n’y sera pas le maître, bien qu’Astaroth sa fille ait déjà installé sa cour.
Un frémissement de haine agita les paysans : Stregona ! Sputo, vomito del diavolo ! clamèrent-ils... La veuve des suicidés, Diva princesse Campofiori était assurément peu populaire sous le soleil de Sorrente.