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l’Italie était le théâtre. D’après lui, le Directoire depuis longtemps préparait l’envahissement des Etats napolitains. En marchant sur Rome, en occupant dans les Etats pontificaux les positions aptes à couvrir ses frontières, le roi Ferdinand n’avait fait que prévenir l’invasion qui le menaçait. Il aurait pu ajouter que, si son entreprise avait réussi, loin de le blâmer, on eût applaudi à son initiative.

Nous n’indiquons que les points principaux des discussions qui eurent lieu entre les deux diplomates, durant plusieurs conférences. En réalité, Thugut ne cherchait qu’à gagner du temps, l’Autriche étant résolue à ne guerroyer dans l’Italie méridionale que lorsque les Français auraient été chassés des pays qu’ils occupaient dans l’Italie du Nord, ce qui ne pouvait être immédiat, puisqu’il fallait attendre les effectifs russes dont la mise en marche était annoncée.

Telle était si bien l’intention du gouvernement impérial que, lorsque fut abordé l’examen des mesures à prendre, Thugut, pour amuser le tapis, souleva une question préliminaire et purement de forme. Tandis que Gallo réclamait aide et secours en vertu du traité défensif conclu le 19 mai 1798, entre Vienne et Naples, Thugut prétendait ne les accorder que comme un témoignage des sentimens affectueux de l’Empereur pour le Roi son beau-père.

— Si Sa Majesté Impériale, expliquait-il, considère comme un devoir de prêter son appui à un parent malheureux, elle ne saurait admettre que ce devoir lui soit imposé par un traité d’alliance purement défensif et qui n’est pas applicable aux circonstances présentes, puisque c’est le Roi qui a commencé la guerre.

— Il y a été contraint, répliquait Gallo.

— En admettant que ce soit vrai, reprenait son contradicteur, il ne s’ensuit pas que l’Empereur soit tenu ici par le devoir ou l’obligation.

En dépit d’entretiens successifs et de mémoires échangés, la difficulté ne fut pas résolue. Le ministre autrichien se contentait de répéter que le roi de Naples devait se tranquilliser, qu’on ne l’abandonnerait pas et que l’Empereur ne déposerait les armes que lorsque son allié aurait recouvré ses Etats. Mais, lorsque Gallo voulait lui faire préciser le moment où le Roi serait secouru, il répondait évasivement, plaidait la nécessité