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Pologne. L’Angleterre demande la région du Cap et les comptoirs d’Amérique à titre d’indemnisation. La Russie et la Prusse se sont approprié la Pologne en affirmant qu’il était juste qu’elles fussent indemnisées des préparatifs coûteux que les agissemens de la France leur imposaient : « C’est ainsi que dans chaque guerre on tâche de se procurer la justification de toute nouvelle conquête et c’est le terme le plus équitable à citer lorsque la perte a été subie. Je me permets donc de demander, si toutes les puissances peuvent penser à se dédommager des maux qu’un ennemi leur a fait souffrir, pourquoi le roi de Naples ne pourra même pas se permettre de prononcer ce mot-là »

Rien de mieux fondé que ce raisonnement. Mais, lorsque Gallo l’opposait aux critiques qui lui avaient été adressées, leur effet s’était déjà produit. La malignité des adversaires et des envieux ajoutait ce grief à ceux qu’on lui imputait pour ses tentatives d’agrandissement. Il ne connut ces attaques et ces critiques qu’à la fin de septembre et il ne les prévoyait pas, lorsque, après avoir reçu la réponse de Rostopchine, il attendait à Saint-Pétersbourg la fin de la guerre et la réunion du Congrès.

En dépit des alternatives d’espoir et de crainte auxquelles il était livré en raison des événemens et de la mobilité des hommes d’Etat russes, laquelle s’inspirait de celle de l’Empereur, ce fut le moment le plus agréable de sa mission. L’Empereur lui prodiguait des témoignages de bienveillance et les ministres, à l’exemple de leur maître, ne les lui marchandaient pas. Il en reçut en deux circonstances une preuve solennelle.

Le 23 juillet, on apprit à Saint-Pétersbourg la nouvelle des victoires remportées à Novi le mois précédent par Souvarof sur les généraux Moreau et Macdonald. La Cour était alors à Péterhof. L’Empereur ordonna que, le 4 août, un Te Deum serait chanté dans la chapelle de cette résidence. Le corps diplomatique fut invité à la cérémonie. En entrant, Paul Ier s’arrêta devant Gallo et lui dit qu’un drapeau du roi Ferdinand s’étant trouvé parmi les trophées enlevés à l’ennemi, il jugeait à propos de le lui remettre pour l’envoyer au Roi comme un témoignage d’amitié, d’intérêt et d’estime. Après la cérémonie religieuse, le marquis de Gallo et le duc Serra-Capriola furent invités à prendre place sur un balcon d’où l’Empereur devait assister à une revue. Le défilé commencé et au passage du drapeau