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napolitain, l’Empereur fit cesser la marche, se le fit apporter et, le prenant des mains de son aide de camp général, il le présenta à Gallo en lui disant :

— Je vous prie de le recevoir ; il appartient au Roi et je ne saurais le garder.

Peu de temps après, la chute de la République parthénopéenne et les avantages remportés par l’armée royale que commandait le cardinal Ruffo, remettaient le roi de Naples en possession de ses États, et donnaient au Tsar l’occasion de manifester de nouveau l’intérêt qu’il portait à la cause napolitaine. Au reçu de ces importantes nouvelles, il s’empressa de les communiquer au marquis de Gallo et de faire célébrer à Saint-Pétersbourg une nouvelle cérémonie d’actions de grâces. Pour mieux témoigner encore sa satisfaction, il décora de ses ordres les généraux du Roi et notamment le cardinal guerrier à qui revenait le mérite de ces victoires.

En regardant de près aux divers incidens qui se déroulèrent pendant le séjour du marquis de Gallo en Russie, on doit reconnaître qu’en ce moment, il en était encore avec la Cour russe à toutes les ivresses de la lune de miel. Par malheur, il commençait à peine à s’y livrer que, déjà, elles touchaient à leur terme. L’avidité de l’Autriche, la différence de ses vues sur l’Italie avec celles de l’Angleterre, la nature soupçonneuse de Paul Ier, sa mobilité, les indiscrétions malicieuses de Rostopchine, la jalousie de quelques-uns des collègues de Gallo et, par-dessus tout, la duplicité et la mauvaise foi des souverains de Naples, allaient imprimer un caractère plus aigu aux difficultés qu’il s’efforçait de résoudre.


III

Tandis qu’à Saint-Pétersbourg, le marquis de Gallo s’appliquait à entretenir le bon vouloir de Paul Ier en faveur du roi Ferdinand, à Vienne, on commençait à prendre ombrage de l’es- pèce de mystère dont sa mission restait enveloppée. Thugut, qui s’était flatté de tenir la cour de Naples sous l’influence de l’empereur François, ne pouvait pas n’être pas frappé des changemens qui se produisaient, aussi bien dans l’attitude du Tsar envers le comte de Cobenzl, que dans les instructions que ce souverain -