Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 8.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LES ARCHITECTES


I. — PÉRIODE DE TRANSITION. CHARLES MADERNE

Il est toujours d’un très grand intérêt de rechercher les formes de transition qui unissent un ace à un autre. Un état social est toujours complexe ; à côté de la forme régnante, on trouve les dernières manifestations de la forme qui disparaît et l’on entrevoit les germes de celle qui va apparaître et qui, avant son plein épanouissement, est toujours préparée par des tentatives individuelles, par des essais qui avortent ou ne se développent que d’une manière incomplète, tant que des conditions favorables à sa pleine éclosion ne se sont pas produites.

Dans mon étude sur l’art de la Contre-Réforme[1] j’ai cru devoir simplifier à l’extrême, et, pour mettre en pleine lumière les traits essentiels, j’ai laissé dans l’ombre les traits secondaires. Ces traits secondaires, ces caractères subordonnés, qui étaient une survivance de l’âge précédent et qui sent précisément ceux qui vont réapparaître au XVIIe siècle, il convient d’en parler maintenant.

Si le XVIIe siècle va remettre en honneur l’art de la Renaissance que les papes de la Contre-Réforme avaient si vivement combattu, cet art, même pendant la Contre-Réforme, n’avait pas entièrement disparu. Tous les papes de cet âge n’eurent pas l’austérité d’un Paul IV et d’un Pie V. Quelques-uns d’entre eux eurent une conception moins sévère de la vie, et la villa que Pie IV construisit dans les jardins du Vatican peut rivaliser avec les œuvres les plus gracieuses de Raphaël. Il faut remarquer aussi que de bonne heure les premiers triomphes de la Papauté, et notamment la victoire de Lépante, contribuèrent à lui redonner confiance et provoquèrent un réveil de ses arts. La chapelle Sixtine, construite à Sainte-Marie Majeure, par Dom. Fontana, sous le pontificat de Sixte V, semble être l’annonce des richesses décoratives qui vont marquer l’époque suivante.

Enfin, si les papes de la Contre-Réforme se croyaient

  1. Voyez la Revue des Deux Mondes des 15 mai et 1er juillet 1911.