Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 8.djvu/407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

colonnes accouplées, dit les nouvelles idées de luxe du milieu romain.

Le cardinal Scipion Borghèse, neveu de Paul V, fait construire la Villa Borghèse, la plus riante, la plus décorée qui soit à Rome, et il la remplit d’œuvres d’art qu’il commande aux maîtres les plus célèbres, d’œuvres toutes inspirées de l’art antique. C’est pour lui que le Bernin sculpte la Proserpine et la Daphné, et que le Guide peint le beau plafond de l’Aurore. Toute sa vie semble dominée par l’amour des arts. C’est par des achats et des cadeaux d’œuvres d’art que se manifeste son amitié. Pour remercier les Carmes du don d’une statue antique, l’Hermaphrodite, trouvée dans les fouilles de leur couvent, il fait construire à ses frais la façade de leur église de Sainte-Marie de la Victoire. Un jour il obtient que le cardinal Ludovisi lui cède le Bain de Diane du Dominiquin, et plus tard il lui fait à son tour un don plus précieux encore, celui de la Proserpine du Bernin.

A toutes les œuvres qu’il commande à des artistes vivans viennent s’ajouter celles des artistes du passé, les chefs-d’œuvre des plus grands maîtres du nord de l’Italie, tels que la Danaé du Corrège et l’Amour sacré et profane du Titien.

Le cardinal Scipion Borghèse avait pour ami intime le cardinal Ludovisi, neveu de Grégoire XV, passionné comme lui pour les œuvres d’art et qui fit dans sa villa une si magnifique collection d’antiques.

Un autre de ses amis, plus épris encore de belles-lettres et d’antiquités, le cardinal Maffeo Barberini, allait succéder aux Borghèse et aux Ludovisi sur le trône pontifical, et, pendant un long règne de vingt années, faire triompher les idées qui avaient germé sous le pontificat de Paul V.


Maderno, le plus célèbre architecte du début du XVIIe siècle eut à faire une des plus grandes œuvres de l’architecture italienne en terminant Saint-Pierre. On sait comment il en prolongea la grande nef, transformant en croix latine, pour satisfaire aux désirs religieux de la papauté, cette église que Bramante et Michel-Ange avaient conçue sous la forme d’une croix grecque. Je ne reviendrai pas sur la volonté impérieuse qui fit donner à toutes les églises de cet âge la forme qui n’avait cessé d’être préférée par tous les architectes chrétiens et dont Vignole donna