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devait produire à l’extérieur dans les projets de Bramante et surtout dans ceux de Michel-Ange. Il fallait donc avant tout une façade basse, ou tout au moins une façade donnant l’impression de l’être ; et Maderne, ne pouvant diminuer la hauteur imposée par la grande nef de quarante mètres, a l’ingénieuse, idée de donner cette impression en élargissant la façade, qui dépasse les murs de l’église de plus de la moitié de sa largeur : ainsi la façade n’est plus qu’un grandiose soubassement, une terrasse sur laquelle le Dôme prend son appui et s’élève triomphalement dans les airs.

Gêné à Saint-Pierre, Charles Maderne put, dans une modeste église, celle de Sainte-Suzanne, concevoir un type de façade plus pleinement satisfaisant, dans lequel, sans imiter un portique antique, il sut, par un heureux emploi de colonnes en saillie, donner une forme plus riche et plus majestueuse au type des façades de la Contre-Réforme. On a pu dire, à juste titre, que cette façade de Sainte-Suzanne était la plus belle de cette époque, et il suffit de la comparer à celle du Gesu pour se rendre compte des ingénieuses innovations de Maderne.

Maderne, et à sa suite les maîtres du XVIIe siècle ne se contenteront plus, comme leurs devanciers de la Contre-Réforme, de la masse des murs ornée simplement de la faible saillie des pilastres, ils feront réapparaître la colonne et tout l’appareil des ordres grecs. Il n’y avait presque pas de colonnes dans les œuvres de Vignole et de Giacomo della Porta ; il y en aura dans toutes celles du Bernin, de Borromini, de Pierre de Cortone et de Carlo Rainaldi.

Parmi les églises de cet âge, il faut citer Saint-Ignace que les Jésuites font construire par le Dominiquin et l’Algarde, en 1612, comme chapelle de leur Collegio romano. Là ils n’apportent pas de grandes nouveautés, ne faisant que reprendre ce style du Gesu de Vignole que nous retrouverons longtemps dans toutes leurs constructions. Ils se contentent de lui donner plus d’ampleur, notamment dans le chœur, le transept et la coupole. Ici encore je dois renouveler les remarques que j’ai faites en parlant du Gesu, et redire que ce ne sont pas les Jésuites qui ont créé l’art brillant du XVIIe siècle. A Saint-Ignace comme au Gesu, les parties supérieures, d’une si éblouissante richesse, ne sont pas de l’époque de la construction et ne datent que des dernières années du XVIIe siècle. Le Bernin lui-même