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et le comité d’utilité publique. Elle contenait ainsi en elle tout ce qui avait une relation directe ou indirecte avec l’industrie. Ce fut une œuvre à laquelle chacun se dévoua, enfant chéri que chacun se plut à entourer de ses soins. À côté des ressources que lui fournissent les cotisations de ses membres (35 000 fr.), les loyers de ses immeubles (12 500 francs), les recettes de la salle de la Bourse (7 500 francs), elle possède une somme de 1 250 000 francs constituée par des dons et legs divers. Nicolas Kœchlin lui donne un hôtel ; M. Armand Weiss lui laisse sa belle collection de livres et d’estampes et Mme Daniel Dollfus sa collection d’objets d’art, de dentelles, d’étoffes, de broderies, de bijoux, de costumes et ses tableaux, M. Engel-Dollfus la pourvoit d’un musée archéologique, la famille Kœchlin lui offre sa collection géologique, M. Théodore Schlumberger un immeuble, — et parmi tant de legs et de dons, je ne peux en citer que quelques-uns. Il n’est pas un industriel de Mulhouse qui, au cours du XIXe siècle, de son vivant ou à sa mort, l’ait oubliée dans la répartition de sa fortune. Ainsi, elle peut fonder, avec tant de concours et si empressés, des écoles, écoles de dessin, de chimie, de tissage, d’art professionnel, de filature, des musées, musées d’histoire naturelle, ethnographique, de dessin industriel, des beaux-arts, des tissus anciens, zoologique, technologique, — ce dernier véritable histoire des matières premières, des divers minerais et cristaux, des matières textiles, de celles qui servent à la fabrication des porcelaines, des faïences, des cristaux présentés dans leurs états successifs de fabrication depuis les produits naturels employés jusqu’aux produits terminés les plus perfectionnés. Mulhouse enfin lui doit presque tous les établissemens qui ont fait sa gloire.

Et parmi tous ces industriels, quel labeur, quelle initiative, quelle intelligence ! Quand on visite ces fabriques d’indiennes, de papiers peints et de draps, ces filatures, ces tissages, ces blanchisseries, cette fabrique de fil à coudre dont on a pu dire que, si au centre de l’Afrique un nègre coud, il coud avec du fil de la marque célèbre D. M. C. ; cette fonderie, ces fabriques de machines, qui toutes ont essaimé dans les vallées voisines, à Guebwiller, à Thann, à Wesserling, à Masevaux et jusque dans le pays de Bade, et qui après la guerre ont répandu en France des maisons sœurs ; la pensée émerveillée s’en va instinctivement vers ces grands bourgeois qui ont créé un des plus admi-