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MULHOUSE.

rables centres où l’activité humaine se soit déployée. Charles-Émile Dollfus, maire et député, introduit, dans la maison Dollfus, Mieg et Cie, la fabrication du fil à coudre, embellit, assainit la ville, la protège contre les brusques débordemens de l’Ill, préside à vingt-neuf ans la Société industrielle. Ce sont les Dollfus qui utilisent la gravure en taille-douce ou à la planche plate, pour l’impression des calicots, essaient les premiers l’impression sur laine et le fixage des couleurs par la vapeur, emploient le premier moteur à vapeur. M. Frédéric Engel, adjoint à la fabrication du fil la fabrication du coton à broder, implante dans le monde entier des produits dont le monopole semblait acquis à l’Angleterre, réunit dans un grand musée commun toutes les collections de la Société industrielle. Josué Heilmann invente des métiers à tisser, à auner, à plier, à broder. Samuel Kœchlin, un des trois fondateurs de l’industrie, avait eu dix-sept enfans ; son fils Jean en a vingt, dont onze fils qui, tous remarquables, sont appelés les grands Kœchlin. À partir de la réunion avec la France, le rôle industriel des Kœchlin, continuellement alliés par des mariages aux Dollfus, se double d’un rôle politique : ils se partagent avec les Dollfus les charges de la cité. Parmi ces onze fils, Jean-Jacques est député sous la Restauration et maire de Mulhouse ; Daniel, chimiste éminent, découvre l’emploi du chrome, qui fournit le jaune, l’orange et le vert, et obtient le premier le rouge d’Andrinople pour l’impression ; Ferdinand établit des succursales et des dépôts en France, en Europe, en Amérique, aux Antilles, en Perse ; Nicolas, l’aîné, n’a pas vingt ans, quand, sans autre avance que son courage, il jette les bases de la maison, à laquelle il associera successivement son père, ses frères, ses neveux. Un moment arrêté dans son essor par l’invasion de 1814, durant laquelle, après avoir prêté 200 000 francs pour l’approvisionnement de Huningue, il seconda le grand quartier général, puis par l’invasion de 1815 où il mena la guerre de partisans dans les Vosges, il consacre tous ses efforts, après la chute de l’Empire, à remédier à la crise économique qui frappait Mulhouse, agrandit la ville de tout un nouveau quartier, fonde la Société industrielle, est enfin le promoteur des constructions de chemins de fer. Seule la petite ligne de Lyon à Saint-Étienne existait en France, quand il demanda en 1838, pour parer aux inconvéniens qu’amènerait une ligne de Mayence à la Suisse