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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 8.djvu/547

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IV

Ils faisaient ensemble un pas de plus. Koegel, le prédicateur de la Cour, le familier de l’Empereur, demandait, dans le synode, que les futurs pasteurs évangéliques qui devaient, d’après les lois de Mai 1873, subir préalablement un examen d’histoire, de philosophie, de littérature, eussent pour juge, dans ces trois épreuves, le jury même qui les questionnait sur la théologie. C’était une réforme qui pouvait s’accomplir par voie administrative, sans modifier le texte des lois de Mai : elle rendait toute souveraineté aux représentans de la science théologique, pour l’examen des candidats aux fonctions pastorales. Le synode vit Puttkamer se lever, et s’associer à la proposition Koegel, avec des complimens : elle fut votée. Compatible assurément avec la lettre des lois de Mai, elle était, à la bien envisager, contraire à l’esprit de ces lois. Ce qu’avait rêvé Falk, c’était d’assurer aux divers clergés une formation qui, dans une certaine mesure, fût laïque, et de leur inculquer bon gré mal gré, au nom de l’Etat, certaines connaissances qui n’étaient pas proprement théologiques, histoire, philosophie, littérature ; Puttkamer, de par la loi, maintenait ces matières-là sur le programme des futurs pasteurs ; mais il allait désigner comme examinateurs les professeurs mêmes de théologie. C’est ainsi qu’en octobre 1879, le synode général de l’évangélisme prussien donnait une discrète entorse aux lois de Mai : les représentans de la théologie, de la science d’Eglise, recevaient mission d’interroger sur les sciences profanes, requises encore pour la forme ; les représentans des sciences profanes, jusque-là mêlés à ces besognes d’examen, étaient mis en disponibilité.

Mais comme l’Eglise catholique, elle, n’admettait pas, en principe, que ses clercs fussent soumis, soit à des programmes d’Etat, soit à des jurys d’Etat, cette réforme, dont se réjouissaient les protestans orthodoxes, la laissait profondément indifférente. Elle pouvait l’enregistrer comme un symptôme, mais non la saluer comme une victoire. Les six premiers mois de l’administration de Puttkamer n’apportèrent aux catholiques qu’un seul succès : Puttkamer, le 5 novembre 1879, se déclara prêt à réintégrer dans leurs fonctions de maîtres de religion les ecclésiastiques que Falk en avait évincés, pourvu qu’ils se