Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 8.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans la constitution de ses rentes viagères, certaines clauses qui furent, semble-t-il, inutilement onéreuses pour l’Etat. Je laisse aux spécialistes à décider sur ces points délicats. Ce qui est indéniable, et tout à l’honneur de Necker, c’est qu’il a, le premier, eu la claire intuition de la vitalité française, qu’il a deviné l’étendue des ressources cachées dont l’avenir devait démontrer la merveilleuse richesse, qu’il a inauguré chez nous, en matière de finances, la politique qui est aujourd’hui celle de toute nation civilisée, qu’il a créé, organisé en France le mécanisme du crédit public.

On ne saurait douter qu’il ait désiré davantage, qu’il ait envisagé la réforme complète de toutes les lois fiscales et compris la nécessité de substituer à la bizarrerie des impôts, à l’inégalité des charges, un régime d’ordre, de logique et de justice sociale, et ce que je dirai plus tard de ses essais d’Administrations provinciales suffira pour montrer ce qu’il prétendait faire et par quelle voie il comptait le réaliser. Mais, dans les circonstances troublées où il arrivait aux affaires, avec la perspective prochaine d’une grande guerre maritime, un tel remaniement était chose impossible. Il fallut donc ajourner à des temps meilleurs les plans d’ensemble, les réformes fondamentales, se contenter de vivre au jour le jour, tout en améliorant la situation existante et en détruisant les abus les plus intolérables. Dans cet ordre d’idées, les mesures édictées par le directeur des Finances peuvent être divisées en deux catégories distinctes : celles qui ont trait aux institutions mêmes, celles qui sont relatives au mode de perception ainsi qu’au personnel chargé de ce service. Je n’en saurais donner ici une énumération complète et je me garderai, pour cause, d’entrer dans les détails techniques. Il faut pourtant, avec la modestie qui sied à mon incompétence, indiquer brièvement certaines de ces opérations, les plus fécondes en résultats, les plus retentissantes aussi dans l’opinion du temps.


II

L’un des impôts les plus impopulaires, les plus justement exécrés, était l’impôt dit du vingtième, qui ressemble beaucoup à ce que l’on nomme de nos jours l’impôt sur le revenu. La