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de ne pas appliquer les lois, il serait, dans ce sens, permis de voter pour.

3o Le Centre, en fait, doit-il voter pour ? Afin d’en décider, il faut savoir si par un tel vote on peut obtenir un avantage effectif pour l’Église en Prusse ou éviter pour elle un plus grand mal.

4o Si dans le projet de loi, directement ou indirectement, on allait réclamer de la part de l’Église des concessions auxquelles serait subordonnée la non-application des lois de Mai, on ne peut pas y consentir, parce que de telles concessions dépendent exclusivement du Saint-Siège.

5o Si l’on prend comme base le principe de la puissance discrétionnaire, le Saint-Siège ne s’engagera jamais dans des pourparlers tendant à la révision des lois de Mai. Par là, toute la base qu’a fixée le Saint-Siège pour les négociations serait modifiée.


Windthorst, qui de son côté s’était rapidement évadé jusqu’à Vienne, avait trouvé, près du cardinal Jacobini, des conseils analogues ; et la Voce della Verità, journal catholique de Rome, disait que le Centre, en adhérant au projet, perdrait sa dignité et encourrait les censures suspendues sur les législateurs qui portent atteinte à la liberté de l’Église. Avant même que la discussion parlementaire ne fût ouverte, les positions de l’Église et du Centre étaient prises.

Mais les nationaux-libéraux, dont Bismarck avait besoin pour réussir, étaient plus lents à prendre les leurs. Bennigsen prétendait que la loi nouvelle ne fût efficace que pour une durée limitée. Stolberg, le vice-chancelier, tenta, le 26 mai, de le chapitrer. « La Curie, lui écrivait-il, a toujours fini par avoir raison des États ; Bismarck seul est de taille à faire la paix sans préjudice pour l’État. » Stolberg se réjouissait que le Pape fût hostile au projet ; il expliquait que si Bismarck avait fait la paix avec le Pape contre le Centre, la Papauté, d’une telle aventure, fût sortie fortifiée. Mais on allait, par la loi nouvelle, réaliser la pacification, malgré le Pape et malgré le Centre. Et Stolberg conjurait Bennigsen de ne pas insister pour que la loi fût seulement provisoire : ce serait offrir au Centre l’occasion de nouveaux tumultes lorsque viendrait l’échéance où l’on devrait renouveler la loi, et puis Bismarck, à cette échéance, pourrait n’être plus là, et l’on risquerait, alors, en l’absence d’un tel guide, d’étendre la loi dans un sens favorable à l’ultra-montanisme, et de glisser vers Canossa. Ainsi faisait-on croire à Bennigsen, pour lui faire accepter les coups de canif donnés aux lois de Mai, qu’on n’en donnerait pas d’autres dans l’avenir. On allait faire quelque chose de définitif, proclamait Stolberg :