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au XVIe siècle chaque année, « ainsi qu’il est accoutumé de toute ancienneté, » 1 400 francs, moitié pour les étrennes de ses... pensionnaires et moitié pour le bouquet qu’elles présentaient au Roi au mois de mai.

A la fin de l’ancien régime apparurent des domestiques nouveaux : le chasseur, le nègre, le suisse, le postillon, le trotteur, celui-ci multiplié par l’usage assez nouveau des parquets. Certains, dont le nom subsistait, avaient changé de rôle et de rang : le palefrenier ou « palfernier, » qui avait la charge des palefrois, était au moyen âge très supérieur aux cochers, sommiers ou charretiers, qui conduisaient « la coche » ou le chariot. A peine le « muletier de litière » était-il son égal. Depuis l’invention des carrosses, il descendit au-dessous du premier cocher, mais conserva une place à part, précédant souvent à cheval au XVIIIe siècle la voiture de son maître. Il a fini de nos jours par être le dernier dans l’écurie dont il avait été le chef.

On en peut dire autant du « concierge, » titre éminent que rien n’annonçait devoir signifier plus tard un portier, lorsque, au temps de saint Louis, la Conciergerie du Palais capétien — seule partie qui, avec la Sainte-Chapelle, soit encore debout — était une vaste demeure. « Concierge » étant synonyme de gouverneur militaire, la dignité était briguée, dans les châteaux royaux et princiers, par de grands personnages ; c’est dans ce sens que l’entendait le premier ministre de Louis XIII, lorsqu’on faisant donation au Roi de son » Palais-Cardinal » il réservait « à ses successeurs, dues de Richelieu, la charge héréditaire de concierges dudit hôtel, et le logement qui leur sera désigné à cet effet. »

Les « pages, » qui existèrent chez les souverains jusqu’à Napoléon Ier et Charles X, eurent une destinée toute contraire : aux temps féodaux le page fut un serviteur qui, dans toutes les branches, occupait le dernier échelon. A la guerre, il est subordonné au « pillard » qui accompagne le banneret. Au civil, il figure sur l’état de la maison de Philippe le Bel (1285) entre les valets pour la chandelle et les rôtisseurs. Chez la comtesse Mahaut d’Artois (1313) ses gages sont de 233 francs par an, moitié de ceux d’un valet de chiens, le dixième de ceux des veneurs. Chez le duc de Bourgogne (1399) le page des lévriers- est aussi beaucoup moins rétribué que le valet. Ces pages n’étaient rien de plus que des grooms.