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1 200 francs et quelques autres « gentilshommes, » messieurs du Fouillou et de La Martinière, se contentent de 800 et de 690 francs. Dans la seconde classe, celle des « gens de conseil, » le receveur général « maître Mauger » a 1 000 francs, le sénéchal de Thouars 550 seulement ; enfin dans la catégorie des « officiers et autres serviteurs, » le mieux rétribué est le brodeur 690 francs, puis viennent sur le même pied l’organiste et le sommelier 460 francs ; l’écuyer de cuisine à 400 francs, les tailleurs 340, les valets de chambre et le secrétaire au taux identique de 230 francs ; ainsi de degré en degré jusqu’aux femmes de chambre des filles à 100 francs, jusqu’au valet de garde-robe à 80 francs.

Entretenir à son service des personnes de condition un peu relevée n’était pas l’apanage des seuls richissimes ; ce superflu était caractéristique et de première nécessité pour qui prétendait à un certain rang ; c’eût été déchoir que de s’en passer. Richelieu, pauvre évêque de Luçon, ayant à peine de quoi vivre, prend un gentilhomme pour maître d’hôtel : « Cela fait bien, écrit-il, il dirige la maison et reçoit la compagnie. » Deux minces hobereaux, qui vivent à l’auberge, conviennent de passer chacun à son tour pour « le gentilhomme « de l’autre.

On voyait encore en 1693 chez le vieux Saint-Simon, père de l’auteur des Mémoires, un écuyer du duc, un écuyer de la duchesse et un gouverneur de leur fils, ces deux derniers détachés en qualité de gentilshommes pour accompagner le jeune vidame, alors simple mousquetaire. Cinquante ans plus tard, ce genre de luxe est aboli ; et à la fin de l’ancien régi me, dans la plus haute noblesse, chez les descendans mêmes de quelques grands vassaux du moyen âge, l’intendant est un petit bourgeois et l’état de maison ne comprend que des serviteurs ; les gentilshommes-domestiques avaient disparu.


II

Est-ce par suite d’une même évolution sociale ? — les mœurs ont autant changé du XVIe au XVIIIe siècle que du XVIIIe à nos jours, — toujours est-il qu’il ne se rencontre plus alors d’anciens domestiques devenus gentilshommes, comme il s’en vit maints exemples notables aux temps antérieurs et jusque sous Louis XIV : Gilles Ruelland. qui mourut baron de Tressan, seigneur