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prix à la fin du règne de Louis XIV, lorsqu’on eut remplacé les galons d’or ou d’argent fin par des galons en faux ou de laine armoriée. En métal précieux, la bordure d’argent d’un chapeau de laquais se vendait 28 francs ; on pouvait l’avoir à 3 fr. 70 en « argent parisien, » ainsi qu’on nommait l’imitation (1702).

Le prix ordinaire de la livrée variait au XVIIIe siècle, suivant la qualité de l’étoffe, depuis 150 francs pour l’habit et la veste en drap d’Elbeuf, jusqu’à 90 francs pour la redingote de cocher en drap de Berry, ou 55 francs pour la même en drap de Lodève. Ces costumes étaient donnés en propriété à leurs porteurs ; s’ils les rendaient en quittant le service, les maîtres leur en payaient la valeur. Pour les culottes, les domestiques de grande maison s’entretenaient à forfait moyennant un fixe annuel ; ils étaient souvent fournis de linge : 2 chemises, 2 caleçons, 2 cravates, 4 mouchoirs et 6 paires de chaussons, donnés à un page (1675), reviennent ensemble à 73 francs. Les bottes coûtaient davantage : une soixantaine de francs ; mais les postillons seuls en portaient.

Tout autres étaient les conditions dans la classe moyenne, c’est-à-dire dans dix-neuf ménages sur vingt parmi ceux qui gageaient un domestique. Ce dernier reçoit-il ici quelques bardes, nettement stipulées d’avance, c’est toujours en déduction de son maigre salaire en argent. Un bourgeois de Péronne engage un serviteur pour 72 francs par an (1740), « plus un habit et la veste, dit-il, à quoi j’ai bien voulu ajouter le chapeau. » Le domestique quitte-t-il la maison ; il doit, sauf convention expresse, laisser son habit que le maître, moyennant 18 francs, fera soigneusement retourner. Tel valet, à la campagne, a droit à « deux paires de sabots et un vieux chapeau ; » tel autre aura « deux chemises et le bois de ses sabots ; » un troisième, chez un gantier de Nîmes, « sera rasé gratis. »

Ces clauses, par leur minutie, montrent combien était strict le contrat de louage qui ne comportait aucun supplément imprévu. Parfois les nippes promises constituent la plus grande part du salaire : celui de la servante d’un juge, en Limousin, consiste en un caraco, une capuce, un tablier, une chemise, sa chaussure et 27 francs en numéraire. La servante se blanchit souvent à ses frais ; il en coûte à l’une d’elles 7 francs pour le blanchissage de ses chemises pendant deux ans (1757). L’impôt de capitation était aussi à la charge du domestique des deux