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Enfin, il a existé, en 1895, un projet, appuyé par l’Allemagne, de protectorat italien au Maroc ; il n’a pas eu de suites.

Il était nécessaire d’établir ces divers points pour bien montrer comment, dans quelles conditions, la politique française et la question marocaine allaient se rencontrer.


VI

Après les incidens de Fachoda et la convention du 21 mars 1899, M. Delcassé, ministre des Affaires étrangères, cherchait l’occasion d’un succès. Dès cette époque, il commença à s’occuper du Maroc. C’était le moment où nous réalisions enfin la conquête des oasis sahariennes, toujours retardée par la crainte de précipiter une solution désavantageuse de la question marocaine. Le Sahara était à l’ordre du jour ; on se demanda un instant, au quai d’Orsay, si l’acquisition du Sous, permettant d’amener, de Figuig, par le Tafilelt, un chemin de fer jusqu’à l’Atlantique, ne constituerait pas une opération avantageuse ; mais c’eût été abandonner à d’autres la majeure et la meilleure partie du Maroc. Le mirage saharien enfin dissipé par l’occupation d’In-Salah, on s’occupa plus directement du Maroc lui-même. Du côté de l’Algérie, M. Révoil inaugurait une excellente politique d’accords franco-marocains (accords du 20 juillet 1901 et des 20 avril et 7 mai 1902) qui créaient, tout le long de la frontière algérienne, une zone où les avantages d’une collaboration avec la France pourraient être démontrés au Sultan par des exemples et surtout par des sacs de douros : c’était la méthode de la pénétration pacifique. Elle était pratique et aurait pu être très féconde, mais elle était insuffisante et trop lente pour aboutir au prompt résultat que cherchait M. Delcassé. Il entama une campagne diplomatique.

C’est d’abord à l’Italie qu’il s’adressa. Le traité de commerce de 1898 avait rétabli, avec elle, la paix économique ; les diplomates travaillaient à mettre sur pied la paix méditerranéenne. En décembre 1900, des notes sont échangées dont le sens, expliqué l’année suivante, au Parlement, par M. Prinetti et, dans une interview, par M. Delcassé, était que la France ne s’opposerait pas aux projets, quels qu’ils fussent, de l’Italie en Tripolitaine et en Cyrénaïque, ne chercherait pas à entraver les caravanes qui viennent aboutir aux ports tripolitains, et qu’en