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obus qui allument des incendies. À ce bruit, nos isolés, occupés à se réconforter dans les auberges, s’enfuient dans toutes les directions et la ville se vide. Un bataillon prussien y entre, mais, les ponts étant coupés, il ne peut s’avancer sur l’autre rive. Quelques tirailleurs seulement traversent la Sauer à gué malgré sa profondeur et l’espacement de ses berges. C’était cette irruption qui avait été annoncée à Mac Mahon et qui l’avait jeté à cheval.

Revenu vers ses troupes et l’ordre de retraite contremandé, Raoult ordonne à une batterie de 4 et à une mitrailleuse de sa division de riposter à la batterie prussienne. Les avant-postes commencent aussitôt la fusillade. La batterie Gaspary fait taire la nôtre, mais l’infanterie, tenue en respect par nos tirailleurs, ne peut pas avancer. Le général Walther ne croit pas utile de la maintenir au feu, car il n’a voulu que se rendre compte de notre situation en nous obligeant à nous déployer, et son but est atteint. Il ordonne de cesser l’escarmouche ; il renvoie la batterie Gaspary à Dieffenbach et évacue Wœrth où il ne laisse qu’un poste sur la rive gauche, au cimetière (8 h. 30).

Mais cette canonnade autour de Wœrth avait produit à la droite allemande l’effet que n’avait pas prévu Walther. Le général bavarois Hartmann, auquel on avait donné l’instruction de s’ébranler dès qu’il entendrait le canon du côté de Wœrth, fait marcher sur Frœschwiller la division Böthmer et place une batterie en position au Nord-Est de Langensoultzbach. Sur la gauche allemande, un incident semblable à celui de Wœrth avait également mis aux prises des fractions des deux armées. Des corvées françaises, qui allaient à la Sauer puiser l’eau nécessaire au café, avaient été accueillies par une fusillade partie du moulin de Gunstett occupé par un détachement du Ve corps. Lartigue ordonne au 1er bataillon de chasseurs d’expulser l’ennemi du moulin. Bose fait établir sur la hauteur au Nord-Ouest de Gunstett vingt-quatre pièces de canon.

L’issue des rencontres engagées presque simultanément à la gauche et à la droite allemandes fut bien différente. Les Bavarois à la droite ne réussirent pas : malgré leur supériorité numérique, 10 000 contre 6 000, à onze heures leur débâcle était complète, et, dès cette première rencontre, ils nous donnaient un témoignage de leur médiocre solidité. Leur corps était tellement étrillé qu’il ne se montra plus de la journée. Il