Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 8.djvu/743

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

combat en désespéré, va être détruit, fait sonner la retraite au clairon dans toutes les directions et ordonne de suivre le gros de la division sur Reichshoffen. Mais de nombreux isolés errans ne rejoignirent pas et, le combat général interrompu, une foule de petits combats partiels continuèrent sous le fourré. Si les feuilles déchiquetées, les branches brisées, les troncs labourés de ces arbres savaient parler, ils raconteraient des prodiges invraisemblables. Nos zouaves brûlent leur dernière cartouche et sont obligés de se rendre. Les Prussiens atteignent la lisière Nord, le Niederwald est perdu (2 h. 30). Le matin, 2 200 zouaves, 61 officiers y étaient entrés : 425 hommes, 21 officiers en sortirent. Sauf 300 prisonniers, les autres étaient tombés les armes à la main.

Bose veut maintenant s’emparer du Petit Bois. Des compagnies du 17e chasseurs et des hommes isolés des divisions Lartigue et Conseil-Dumesnil, embusqués sans chef, y tiennent en échec depuis onze heures les fractions du XIe corps venues du pont de Gunstett. Ils aperçoivent les Prussiens débouchant de la lisière Nord ; ils dirigent contre eux leur fusillade et les obligent à rétrograder. Mais ce n’est que pour un instant. Les batteries amenées de Gunstett s’établissent au Nord du Niederwald, couvrent de leurs obus Elsasshausen et toute notre position. Sous leur protection, l’infanterie prussienne sort en nombre toujours croissant du Niederwald ; le Petit Bois va être pris. Mac Mahon demande secours à Ducrot. Le général envoie le 96e de la brigade Wolff, colonel de Franchessin, et il ordonne au général Forgeot, commandant de l’artillerie du corps, de mettre en action, à l’Ouest d’Elsasshausen, les deux batteries de la division Bonnemain. Le colonel de Franchessin laisse un bataillon à Elsasshausen, en met un à la gauche du village et avec le troisième traverse le Petit Bois, marche droit au Niederwald, y rejette les Prussiens débandés. Mais dans le bois ceux-ci se rallient ; des survenans les épaulent et les ramènent au feu, le général Schkopp avance tambour battant. Le colonel de Franchessin a son cheval tué ; il est atteint lui-même d’une balle qui lui traverse le pied droit ; appuyé sur un sous-officier, il continue à diriger le combat ; une deuxième balle l’atteint au côté gauche, une troisième au côté droit, néanmoins il crie encore : En avant ! jusqu’à extinction de ses forces. Nos troupes plient, rétrogradent : les Prussiens les suivent, entrent pêle-mêle dans