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le Petit Bois avec ceux qui les avaient si durement arrêtés et s’en emparent.


VI

L’écran qui séparait Bose de Kirchbach était tombé, le Ve et le XIe corps s’aperçoivent et sont en état de réunir leur effort sur Elsasshausen et Frœschwiller qu’il reste à emporter. Kirchbach n’avait pas attendu que Bose vînt lui tendre la main ; il avait voulu aller lui-même la lui prendre et il avait échauffé de plus en plus l’allure du combat. Il paraît ignorer qu’il existe une tactique défensive : c’est constamment une offensive éperdue, féroce, à laquelle répond notre offensive non moins fougueuse et acharnée ; toutes les deux se mesurent, s’abordent, se terrassent tour à tour. La nôtre est plus irrésistible en son premier élan, d’abord à cause de la qualité exceptionnelle des hommes, ensuite à cause de la supériorité de notre armement. Depuis qu’à la suite du combat d’artillerie à artillerie, les pièces de grande batterie ont été obligées de se taire pour ne pas tirer sur leurs propres troupes, notre artillerie, rendue maîtresse de ses mouvemens, a pu déployer aussi ses précieuses qualités ; nos mitrailleuses surtout, employées en bonne situation, unissent leurs effets terrifians à ceux non moins terrifians de nos chassepots.

Mais l’offensive prussienne reprend ses avantages par un autre côté. Elle met le nombre à l’appui de sa hardiesse et supplée par lui à l’infériorité de son fusil à aiguille. L’offensive française puise en un réservoir qui se vide et ne se renouvelle pas ; celui de l’offensive prussienne aussitôt vidé est renouvelé. Telle est, en un mot, l’histoire des divers engagemens du centre entre les Français et les Prussiens. Leur détail n’a aucun intérêt dès qu’on ne poursuit pas une étude technique. Toutes se déroulent de même sorte.

Kirchbach lance ses troupes sur les coteaux couverts de vignes qui s’abaissent vers Wœrth. À peine ébranlées, elle se disloquent, se dispersent en tirailleurs, gagnent rapidement du terrain. Mac Mahon, qui, depuis les progrès de Bose, a été obligé de se reporter dans le village d’Elsasshausen, ne perd pas de vue Kirchbach. Il envoie à sa rencontre une brigade, un régiment, des bataillons. Leurs chefs, général, commandans, mettent leur