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et sous le feu de l’infanterie bavaroise, toujours plus nombreuse, ne se tiennent debout, un contre quatre, que par une vertu héroïque dont Suzzoni leur donne l’exemple. Même lorsque leurs cartouches sont épuisées, ils demeurent en place baïonnette en avant, et les Bavarois ne s’aventurent pas sur le saillant Nord-Est du bois de Frœschwiller (2 h. 30).

Néanmoins, comme Mac Mahon n’a plus de soutiens à fournir, Kirchbach, malgré cet arrêt des Bavarois, est libre de prendre la main que lui tend Bose. Il veut en finir avec ces attaques qui l’épuisent depuis de si longues heures, et se rendre maître de ces hauteurs d’où tant de ses hommes sont revenus en débandade et qui lui en ont dévoré tant d’autres. Il parvient enfin à se rendre maître du Calvaire, trois fois pris, perdu, repris, et il fait venir en première ligne ce qui lui restait de troupes sur la gauche de la Sauer.

Cette fois encore, son espérance aurait été vaine si Bose n’avait achevé, en s’emparant d’Elsasshausen, de s’enfoncer dans notre flanc, déjà découvert par la mise hors de combat de Lartigue et de Conseil-Dumesnil. Bose se trouvait en situation très exposée, malgré la prise du Petit Bois achetée si cher. Les deux batteries de la division Bonnemain couvraient de projectiles et de mitraille la lisière Nord du Niederwald et le Petit Bois ; deux bataillons du 96e et du 99e, des hommes de diverses compagnies dirigeaient contre lui un feu d’une telle violence, d’une telle efficacité qu’il fallait ou qu’il rétrogradât ou qu’il se décidât à de nouveaux sacrifices. Ces offensifs ne tergiversent jamais : il continuera à aller de l’avant coûte que coûte. Il fait fortifier sa ligne d’artillerie par celle de Kirchbach, installée sur le Calvaire. Elles mettent en feu Elsasshausen. Au signal de : Tout le monde en avant ! tout ce qui, parmi les tirailleurs comme dans la seconde ligne, conserve un reste de vigueur se précipite sous les pas des officiers à travers l’espace découvert qui sépare le bois du village ; les fractions voisines du Ve corps se joignent à eux. Le village est pris.

Cet effort terrible avait désorganisé le XIe corps. Sa XLIVe brigade seule conservait une formation régulière ; toutes les autres, les bataillons eux-mêmes, étaient confondus ; il n’y avait plus une réserve sérieuse. Les généraux Bose et Schachtmeyer, qui s’étaient portés sur la ligne des tirailleurs, purent à peine reconstituer en unités tactiques les bataillons et compagnies