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première ligne. Lorsqu’ils y eurent à peu près réussi, ils rapprochèrent de Frœschwiller, jusqu’à près de dix-sept cents pas, l’artillerie qui venait d’incendier Elsasshausen et les batteries soit divisionnaires, soit de corps, qui n’avaient pas été employées déjà ; ils poussent l’infanterie vers les mamelons qui limitent les prairies. Kirchbach, de son côté, ne ralentit pas sa furieuse poussée, il ne se contente pas de s’associer par son aile gauche aux efforts de Bose, il poursuit son mouvement vers notre front ; il serre de près les débris de Raoult et les contraint à se replier vers Frœschwiller.

Le Prince royal de son observatoire voyait se dérouler toutes ces péripéties. Il ne doute plus de la victoire. Il a déjà donné l’ordre à la brigade et à la cavalerie wurtembergeoises de couper par le Grosserwald notre ligne de retraite vers Reichshoffen ; il prescrit au corps bavarois de Tann de refouler notre gauche et de la déborder afin de la couper aussi de Reichshoffen par le Nord comme les Wurtembergeois devaient nous en couper par le Sud. Ainsi encerclé de toutes parts, Mac Mahon serait obligé de mettre bas les armes et les Prussiens obtiendraient à la première rencontre cette effroyable capitulation d’une armée entière que l’on devra attendre jusqu’à Sedan (3 heures).


VII

Maintenant, indomptable maréchal, de grâce retirez-vous, c’est assez ! Tout est consommé. Votre droite n’existe plus ; les deux divisions Lartigue et Conseil-Dumesnil ont disparu ; votre centre, Raoult, est en lambeaux ; votre gauche, Ducrot, déjà dégarnie, est rivée à la résistance contre les Bavarois. Allez-vous-en ! vous ne pouvez plus rien. En regardant autour de vous, vous apercevrez encore la brigade de cuirassiers Bonnemain, la réserve d’artillerie, le régiment de tirailleurs algériens Pellé, quelques fractions des corps dissous ; sur un signe, ils s’élanceront dans la fournaise. Ce signe ne le faites pas : ils seraient dévorés en quelques instans. Ordonnez sur-le-champ une retraite à laquelle vous allez être sûrement contraint. Elle ne sera peut-être encore qu’une débandade et non un écroulement ; ne sacrifiez pas inutilement tant de vies si précieuses.

Mais Mac Mahon est toujours l’homme qui a dit sur le