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que je viens de décrire, fut ému de pitié et promit de le seconder. Ils résolurent tous deux d’aller au plus pressé, de réformer sur l’heure les pires abus, tout en se réservant de dresser par la suite un plan d’ensemble, commun à tous les hôpitaux. « Nous avons reconnu, lit-on dans le préambule de l’édit, combien il était difficile de remplir entièrement nos vues ; mais ne voulant pas que le vain désir de la perfection arrêtât l’exécution d’un très grand bien, nous nous sommes déterminé à adopter un plan qui, en satisfaisant aux principales vues d’humanité, n’oblige ni à de très grands sacrifices, ni à une longue attente... » Après ces sages paroles, le Roi, pour le moment, se bornait à prescrire que l’Hôtel-Dieu fût « disposé de manière qu’il pût contenir au moins trois cents malades seuls dans un lit, placés dans des salles différentes suivant les principaux genres de maladies, et en observant encore que les hommes et les femmes soient mis dans des lits séparés. »

Ce modeste progrès fut accru et facilité par une circonstance imprévue. Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, ayant, à la suite du gain d’un procès, touché 300 000 livres, versées entre ses mains par la Ville de Paris, décida d’employer cette somme à l’amélioration du principal hospice de son diocèse. Il la fit remettre à Necker, en joignant à l’envoi la note dont voici la teneur, qui honore également l’auteur et le destinataire : « Nous soussigné[1], archevêque de Paris, voulant contribuer aux projets que M. le directeur général des Finances a conçus pour procurer aux pauvres malades de l’Hôtel-Dieu les secours dont on n’a pu jusqu’à présent les faire jouir, consentons que mondit sieur directeur général dispose des fonds qui nous sont dus par la Ville de Paris et qui nous ont été adjugés par l’arrêt du parlement, et ce comme il le jugera à propos, sans qu’il puisse lui être demandé par nos héritiers aucun compte, nous reposant entièrement sur le zèle dont il est animé pour le bien public et sur son amour pour les pauvres. »

Les mesures prises pour l’Hôtel-Dieu se généralisèrent bientôt, grâce à l’institution d’une commission spéciale, chargée d’étudier les moyens d’apporter aux hospices, sans trop surcharger le Trésor, les améliorations urgentes, et de rédiger un

  1. Archives du château de Coppet.