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nationales, nous avons cherché à expliquer à nos lecteurs les procédés à employer pour arriver à un résultat scientifique plutôt qu’à dresser des tableaux définitifs, de même, en |matière de ressources budgétaires, nous avons voulu attirer leur attention sur les données du problème plutôt que leur énumérer des chiffres. Ceux-ci sont insuffisans ou trompeurs. On est loin d’avoir tout dit lorsqu’on a constaté le nombre de millions qui constituent les recettes annuelles du Trésor ; il s’agit de discerner l’origine des deniers, de savoir s’ils proviennent d’exploitations industrielles, de monopoles ou de contributions. Après qu’on a séparé les uns des autres, il faut rapprocher l’importance du prélèvement de celle de la matière imposable, et déduire du rapport du premier à la seconde la véritable situation financière de la nation, d’autant meilleure que la proportion du prélèvement sera plus faible.


III. — LE CRÉDIT PUBLIC

La fortune nationale est à la base de la force économique d’un peuple ; sa puissance financière est d’autant plus grande que l’impôt pèse moins lourdement sur les épaules des contribuables et ne contrarie pas trop l’essor de leur activité créatrice. L’expression de cette puissance se trouve dans ce qu’on appelle la cote du crédit public, c’est-à-dire le cours de la rente. On sait en effet que, chez la plupart des nations modernes, les contributions annuelles exigées par le fisc ne suffisent pas à son appétit dévorant. Il a besoin d’autres ressources, de capitaux destinés à des œuvres de guerre, à des travaux publics, parfois tout simplement à l’extinction d’un déficit. A cet effet, il emprunte, sous la forme de rentes perpétuelles ou d’obligations amortissables : aux unes comme aux autres est attachée la promesse du paiement d’un intérêt régulier, qui varie en raison inverse de la confiance que l’emprunteur inspire à ses créanciers. Plus elle sera grande, moindre sera le taux de cet intérêt. On peut donc dire que le cours auquel les états placent leurs fonds fait partie des indices d’après lesquels on les classe dans la hiérarchie économique. Ce cours, qui est une mesure de leur crédit, marque le prix auquel ils peuvent, en cas de nécessité, notamment lorsque la guerre éclate, se procurer les sommes dont ils ont besoin. Il joue un rôle important dans l’étude qui nous occupe