à un cours bien peu éloigné de celui du premier emprunt.
Pendant la même période, quelle avait été l’allure des fonds allemands. Les 3 et 4 août 1870, la Confédération de l’Allemagne du Nord avait procédé à l’émission de 100 millions de thalers (375 millions de francs) de rentes 5 pour 100 au prix de 88. Deux tiers seulement de ce montant avaient été souscrits : mais, aussitôt que les premières victoires prussiennes furent connues, le cours des fonds se releva, et, dans le courant du mois, le gouvernement put écouler aisément, au prix de 92, les titres qui étaient restés entre ses mains. La Bavière avait émis, du 22 au 24 août 1810, 15 millions de florins (environ 37 millions de francs) d’un emprunt 5 pour 100 dit de guerre. En décembre 1870 et en janvier 1871, la Confédération de l’Allemagne du Nord créa pour 102 millions de thalers (environ 380 millions de francs) de bons du Trésor 5 pour 100 à cinq ans d’échéance. Ces bons, émis aux environs de 96 pour 100, en partie à Berlin, et en partie à Londres, furent remboursés dès le début de l’année 1872. On voit combien avaient été légères les charges imposées par la campagne à nos ennemis triomphans. Leurs armées tiraient en partie leur subsistance de notre sol, levaient de tous côtés des contributions de guerre, soit en nature, soit en argent, en attendant les cinq milliards qui devaient être notre rançon. A la conclusion de la paix, l’Allemagne se retrouvait avec des finances plus solides qu’avant l’ouverture des hostilités ; elle puisait dans nos coffres-forts de quoi rembourser une grande partie de sa dette, réformer sa circulation monétaire, établir l’étalon d’or, constituer le trésor de Spandau, le fonds des invalides, ceux des fortifications, du palais du Parlement. Elle faisait des largesses à ses généraux, aux Etats Confédérés ; consciente de sa force, elle voyait le cours de ses rentes se maintenir bien au-dessus de celui des fonds français, dont la masse en circulation était presque doublée.
Tel était le résultat d’une lutte de six mois, qui avait suffi pour intervertir entre deux nations l’ordre de la grandeur financière aussi bien que de la puissance politique. Les victoires allemandes ne devaient pas seulement avoir ce résultat ; elles préparaient aussi les voies à une expansion commerciale et industrielle dont des chiffres chaque jour en progrès attestent la continuité.
Si maintenant nous franchissons une trentaine d’années,