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face. Il fallait avant tout interdire l’accès de la province aux tribus nomades et pillardes du Sud-Marocain, il fallait également la défendre contre l’ennemi de l’intérieur, les peuplades maures mal soumises et toujours menaçantes. Vers le Sud, il s’agissait de fermer la large trouée de deux cents kilomètres qui, par la vallée du Sebou et de la plaine de Fez, s’étend de l’Atlantique au massif de l’Atlas et constitue la grande voie de pénétration vers la côte de la Méditerranée. Les Romains, ici comme ailleurs, ont admirablement utilisé les ressources défensives du terrain.

Deux points étaient particulièrement importans : Sala, sur la côte, le Djebel Zerhoun, dans l’intérieur. Sala occupe au bord de l’Atlantique une situation de premier ordre. Les montagnes des Zemmour et des Zaër, éperon détaché de l’Atlas vers l’Ouest, s’avancent jusqu’au voisinage de la côte, ne laissant entre leur extrémité occidentale et l’Océan qu’une sorte de couloir où s’engage la grande route du littoral. Sala commande ce passage. En raison de son importance et de sa situation même, ce point stratégique était, dès l’antiquité, particulièrement menacé. Pline nous dit que la ville avait constamment à craindre les attaques des éléphans et des Gétules Autololes. Les éléphans ont disparu, mais les pillards sont toujours là. Les Autololes ont été autrefois, pour Sala, ce qu’étaient tout récemment encore, pour Casablanca, leurs descendans Zemmour et Zaër, des voisins pauvres et convoiteux toujours prêts à une attaque contre les villes prospères de la côte. L’action française dans la Chaouïa a eu pour point de départ l’agression des peuplades montagnardes contre Casablanca. Il est piquant de constater que cette situation n’est pas nouvelle et que dix-huit siècles ont pu passer sans apporter sur cette côte atlantique du Maroc des changemens décisifs.

Le Djebel Zerhoun est ce massif montagneux qui commande les vallées des oueds Sebou et R’dem et domine les deux capitales modernes du Maroc septentrional, Meknès et Fez. Dans l’œuvre de pacification que les événemens récens nous ont imposée au Maroc, l’importance militaire de ce massif s’est révélée comme exceptionnelle : nos troupes ont eu à le traverser une première fois dans l’expédition de Fez, une seconde dans la marche sur Meknès, et il apparait qu’une occupation sérieuse peut seule assurer le maintien permanent de l’ordre