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dans ces régions. Cette importance, les Romains l’avaient discernée comme nous ; aussi avaient-ils réservé au Djebel Zerhoun une place toute particulière dans l’élaboration de leur système défensif.

Sala à l’Ouest, le Djebel Zerhoun à l’Est, constituaient les deux points d’appui essentiels de la ligne défensive systématiquement dressée contre les Nomades du Sud. Sala, la clef de la route du littoral, fut solidement fortifiée. Des postes accessoires en défendirent les abords ; au Sud-Ouest, la station d’Ad Mercurios, terme de la pénétration romaine ; au Nord-Est, à trente-deux milles (quarante-sept kilomètres), le poste de Thamusida, non loin de la Kasba Knitra actuelle, sur le territoire des Béni Ahsen, qui commandait le passage de l’oued Sebou et assurait les communications avec le reste de la province vers le Nord et vers l’Est. Le Djebel Zerhoun fut converti en une sorte de camp retranché, réduit de la défense à l’extrémité orientale de la frontière. Là s’élevèrent les villes fortifiées de Volubilis (Ksar Faroum) et de Tocolosida (à quinze kilomètres au Nord de Meknès). En avant s’échelonnaient toute une série de postes secondaires destinés à en couvrir l’approche. A l’Ouest, la vallée de l’oued R’dem, étroit passage entre le Djebel Zerhoun et les montagnes des Guerouan et route d’invasion possible, fut barrée par une ligne de fortins ; les deux flancs septentrional et méridional du Djebel Zerhoun reçurent des défenses analogues. Une inscription dédicatoire d’Aïn Sch’kour rappelle la construction d’un Prætorium par les soldats de la première cohorte des Asturiens et Galiciens. — Ces deux points de Sala et du Djebel Zerhoun solidement occupés furent reliés par une série de postes fortifiés, répartis sur toute cette ligne Sala, Kasba Knitra, Lalla Ito, Djebel Zerhoun, qui a marqué les étapes de notre colonne volante comme elle jalonnait autrefois vers le Sud la limite du Maroc romain.

Le problème de la défense intérieure était infiniment plus complexe. Le but était de tenir en bride les peuplades maures incomplètement soumises et toujours prêtes à la révolte, de garantir contre une surprise toujours possible la sécurité des colons et la liberté des communications. Dans cette organisation défensive qu’il fallait créer de toutes pièces, le rôle essentiel fut dévolu aux voies romaines. Les stations des grandes routes, en particulier des grandes routes de pénétration vers le Sud, qui