Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/654

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

loi du 25 juillet 1887, — en même temps qu’elle supprime les quatrièmes bataillons, — relève-t-elle l’effectif jusqu’à 127 hommes de troupe.

Ramenée à 115 hommes, la compagnie française ne sera pas inférieure, mais précisément égale à la compagnie russe. La compagnie allemande est à 142 hommes (niederer Etat) et à 159 hommes (hoher Etat) ; : ce dernier chiffre s’applique aux bataillons des corps de couverture et, — depuis la loi militaire du 10 mai dernier, — à 123 autres bataillons. La compagnie japonaise est à 131 hommes. Seule, la compagnie autrichienne, avec ses 92 hommes, est plus faible que la nôtre. Mais cette infériorité est si bien reconnue comme un vice qu’elle est un des argumens principaux invoqués contre la loi militaire actuelle et que la loi nouvelle a été conçue en vue de mettre fin à cet errement.

On voit que la compagnie de 115 hommes est pour nous la dernière position à défendre : celle sur laquelle on meurt et ne se rend pas. L’article 2 du projet rend le Parlement solidaire de cette défense à outrance quand il énonce que le ministre sera tenu de faire connaître annuellement aux Chambres l’état des effectifs réalisés au 1er avril. On sait d’avance que si des mesures spéciales ne sont pas prises, ces effectifs iront en décroissant, et que nous perdrons en valeur moyenne trois bataillons de 500 hommes par an.

Le déficit sera réparti sur l’ensemble de l’infanterie, abstraction faite des corps de couverture, pour lesquels aucune réduction n’est possible ; il portera donc, en dernière analyse, sur nos 143 régimens de l’intérieur. Pour ceux-ci, le calcul a été fait, la courbe a été tracée de la chute numérique à laquelle notre natalité les condamne, si nous ne nous relevons pas par quelque moyen. Dès l’année prochaine, pour les corps de troupes indiqués, la compagnie tombera à 109 hommes ; elle sera à 106 hommes en 1917, à 102 hommes en 1922, à 89 hommes en 1927. C’est dire qu’en 1912, que demain, que tout à l’heure des mesures s’imposent, faute desquelles la loi proposée ne serait qu’une duperie pour nous-mêmes et qu’un trompe-l’œil pour l’étranger.

Il faut rendre des combattans à nos compagnies et rapporter des hommes au fonds militaire commun. Les lois partielles de cadres encore à l’étude doivent nous aider à le faire. Le génie, d’abord, fournira son appoint, si l’on se décide à supprimer la main-d’œuvre militaire dans les établissemens de cette arme. Le