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REVUE MUSICALE


Théâtre de l’Opéra : Roma, opéra tragique en cinq actes, de M. Henri Cain, d’après Rome vaincue, d’Alexandre Parodi ; musique de M. Massenet. — Théâtre de l’Opéra-Comique : reprise de Don Juan. — La « grande saison » de Paris.


La Roma d’hier, on le sait, est la Rome vaincue d’autrefois. Il n’est peut-être pas inutile, pour les jeunes lecteurs au moins, d’en rappeler le sujet et le dénouement, qui fit naguère, avec le sentiment patriotique et aussi avec l’admirable interprétation de Mme Sarah Bernhardt, la fortune de la tragédie.

Premier acte : Annibal a « taillé en pièces, » connue on disait au collège, les légions romaines. Paul Emile a péri dans la mêlée. Un jeune tribun militaire, Lentulus, échappé au désastre, en apporte la funeste nouvelle. Le peuple se lamente et invoque les dieux, le sénat délibère, le grand prêtre consulte les oracles. Ceux-ci répondent que Rome paie de son malheur le crime d’une vestale infidèle. Aussitôt le pontife et, d’accord avec lui, l’un des premiers entre les pères conscrits, Fabius, décident de rechercher la coupable et de la punir.

L’enquête a lieu dans le temple, au second acte. La grande vestale s’en montre d’abord offensée et proteste, avec un peu d’aigreur, au nom de tout son collège pudique et silencieux. Mais voici que la plus jeune, Junia, sœur de Lentulus, demande la parole et s’accuse. Oh ! de peu de chose. Pas même d’une mauvaise pensée volontaire : d’une vision, d’une illusion, d’un rêve peut-être, qui ne la troubla qu’un moment, et qu’une prière à la déesse a promptement dissipé. « Bien, très bien, mon enfant, » répondent le pontife et le sénateur, avec un sourire indulgent. « Allons ! ce n’est pas celle-là Mais laquelle est-ce ? » Pour la découvrir, le procédé classique, infaillible,