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Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/846

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a dépensé ces temps derniers plus d’une demi-douzaine de millions de francs à des travaux pour l’irrigation d’une partie de ses immenses domaines et une autre Compagnie, également célèbre, celle de l’Hudson Bay, fait de même. Or, en Tunisie, sans qu’il faille désespérer d’obtenir quelques résultats sous ce rapport, il faut bien avouer que les ressources en irrigation, malgré tout le parti qu’en ont tiré les anciens, sont assez maigres.

Comment donc se fait-il que la Tunisie se soit si rapidement couverte de voies ferrées, que celles-ci jouissent d’un trafic abondant, et que les ports tunisiens aussi aient un si ample mouvement de navigation ? C’est qu’il est intervenu un magicien inattendu, le phosphate. C’est le phosphate qui a suscité trois grandes voies ferrées allant de la frontière algérienne à l’ancienne Syrte, de Kalaa ès Senam et de Kalaa Djerda à Tunis, avec embranchement sur le Khef, d’Aïn Moularès à Sousse, avec embranchement sur Kaïrouan, du Metlaouie ou plutôt de l’oasis de Tozeur à Sfax, en passant par Gafsa. D’après un relevé tout récent, fait par un journal spécial, la production du phosphate en 1911 a été dans le monde entier de 5 606 000 tonnes : l’Amérique en fournit près de la moitié, soit 2 546 000 tonnes, les îles du Pacifique moins du dixième (456 000 tonnes), diverses contrées, France, Belgique, Russie, etc., environ 14 p. 100 (705 000 tonnes), enfin l’Afrique française (Algérie et Tunisie) environ 35 p. 100, soit 1 899 000 tonnes, dont 1 566 000 pour la Tunisie seule[1]. Ainsi, l’ancienne Régence de Tunis fournit à elle seule environ 30 p. 100 de tout le phosphate produit actuellement sur le globe et elle parait en état, pour peu que le débouché mondial s’élargisse, ce qui est conforme à toutes les vraisemblances, de doubler sa production actuelle. Outre le phosphate, la Tunisie a d’immenses gisemens de fer et d’importantes mines de zinc et de plomb. Contrée agricole un peu secondaire, quoique offrant, néanmoins, à ce point de vue, des ressources encore inexploitées, elle s’est affirmée une contrée minérale de premier ordre.

La population est plus dense en Tunisie que dans tout le reste de l’Afrique française du Nord, sans en excepter le Maroc. En 1909, on y estimait le nombre des musulmans à 1 706 000,

  1. Voyez le journal l’Engrais du 3 mai 1912.