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impérial pourrait attirer à Berlin ; il devait les rassurer, les uns et les autres, sur le caractère de sa mission, se faire l’interprète des sentimens d’estime et de bienveillance que le Pape gardait au Centre, et dissiper ainsi cette défiance à l’égard du Saint-Siège, dont paraissaient trop souvent animés, surtout depuis l’incident du Septennat, les journaux catholiques d’Allemagne. Enfin, dans l’entretien qu’il aurait avec le prince de Bismarck, Galimberti devait sonder le chancelier sur un certain nombre de questions, ponctuellement énumérées :


1° Sur l’opportunité et les avantages de l’installation à Berlin d’un représentant du Pape ;

2° Sur l’opinion que Bismarck avait de l’Italie ; sur ses dispositions éventuelles à rétablir le Pape dans ses droits temporels, et sur le moment, et sur les moyens de ce rétablissement ;

3° Sur la situation européenne et sur le rôle qui, dans la pensée de Bismarck, pouvait être réservé à l’action du Pape ;

4° Sur l’éventualité possible d’un appel à l’intervention du Pape au sujet de la question d’Alsace-Lorraine : conflit grave, qui, tant qu’il ne serait pas aplani, maintiendrait en rivalité les deux nations française et allemande, avec un péril manifeste pour la paix générale.


Léon XIII voulait d’ailleurs que ce dernier terrain, extrêmement délicat, ne fût abordé qu’avec précaution ; Galimberti avait ordre de ne rien dire qui pût engager prématurément le Saint-Siège. Il devait se contenter d’enregistrer les communications qui lui seraient faites, et saisir l’occasion pour mettre en relief les difficultés très sérieuses auxquelles le Pape était en butte par l’effet de la révolution italienne et de l’occupation de Rome.

Deux besognes bien définies, l’une à l’endroit du ministère, l’autre à l’endroit du Centre, destinées toutes deux à clore un passé pénible qui n’avait que trop duré ; et puis d’aventureux coups de sonde, aux répercussions imprévues, des coups de sonde qui paraîtraient essayer et tâter l’avenir, et sur lesquels Léon XIII, vraisemblablement, était avide, déjà, d’interroger son envoyé ; tel était le vaste programme avec lequel Galimberti descendait en gare de Berlin, attendu, sur le quai même, par Mgr Kopp et par un laquais de l’Empereur.

Mgr Kopp le prévenait que la Cour, Bismarck, les partis protestans, les catholiques de bon sens, étaient enchantés de sa venue, et remplis d’espoir ; mais que le Centre était « stupéfié et